Musée ¦ Musique: concerts et collections 3

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Le dernier concert Musée¦Musique 2012 consacré aux symphonies à Genève au XVIIIe siècle permettra d’entendre trois instruments de la collection du Musée d’art et d’histoire dus aux fameux luthiers Vuillaume. Après un premier article consacré aux instruments de musée et un deuxième à la musette, plein feux sur des pièces de musées bien vivantes! Rendez-vous pour le concert, dimanche 25 novembre à 16h.

Les concerts de l’Hôtel de Ville

Si la Cour de l’Hôtel de Ville accueille chaque été des concerts «sérénades» depuis plusieurs années, on ignore souvent qu’avant l’existence d’une salle de concert la Maison de Ville remplissait déjà cette fonction au XVIIIe siècle. Fondée en 1774 par Giuseppe Demachi et Friedrich Schwindel, très actifs pour la promotion de la musique dans la ville natale de Rousseau, le «Concert de l’Hôtel de Ville» fut la première association de concerts publics à Genève.

Le concert du dimanche 25 novembre en rappellera l’atmosphère, autour des symphonies de Friedrich Schwindel, Gaspard Fritz et Jean-Gaspard Weiss, sans oublier Wolfgang Amadeus Mozart.

Le premier, fondateur et directeur des concerts jusqu’en 1780, connu un franc succès en Europe avec ses œuvres de musique de chambre et ses symphonies. Les symphonies du deuxième, né à Genève en 1716, sont les premières à avoir été composées dans les futures frontières de la Suisse. Le troisième, qui se produisit à l’Hôtel de Ville en 1775 aux côtés de Schwindel, s’établit quelques années à Genève. Il connut un succès européen, résidant tant en Italie qu’à Londres.

S’il n’est pas besoin de présenter le quatrième, il est bon de rappeler au passage que son Bastien et Bastienne s’inspire directement du Devin du Village de Jean-Jacques Rousseau.

Les «Vuillaume»

Ce répertoire, servi par l’Ensemble Les Ramages, sera joué sur des copies d’instruments historiques ainsi que sur trois instruments faisant partie des collections du MAH. En effet, la Ville de Genève met à la disposition du Quatuor Terpsycordes deux violons et un alto réalisés par Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875), établi à Paris, et un violoncelle, œuvre de son frère cadet Nicolas François Vuillaume (1802-1878), dont l’atelier était basé à Bruxelles. Raya Raytcheva, Caroline Haas et François Grin, associés dimanche 25 novembre à l’Ensemble Les Ramages, joueront sur les Vuillaume. Réalisés au milieu du XIXe siècle, ces instruments sont des copies de pièces fameuses des luthiers de Crémone Antonio Stradivari (1644-1737) et Giuseppe Antonio Guarneri dit del Gesù (1695-1762).

C’est à la qualité exceptionnelle de ses reproductions d’instruments des illustres luthiers crémonais que Jean-Baptiste Vuillaume dut ses nombreuses récompenses aux Expositions nationales et universelles, ainsi qu’une grande part de sa renommée posthume. Doté d’un sens aigu de l’observation et de l’imitation, il étudiait chaque détail (dessin, bois, forme, vernis) de leurs réalisations.

Il Cannone de Paganini

L’un des violons porte une étiquette ainsi libellée: «Jean-Baptiste Vuillaume à Paris/Rue Croix des Petits-Champs/exprès pour Paganini». Il s’agit d’une des six copies réalisées par Vuillaume d’un violon de 1742 dit il Cannone, que possédait le virtuose italien. Cet instrument, œuvre de Guarneri del Gesù, avait ainsi été baptisé par le marchand et collectionneur italien Luigi Tarisio (1790-1854) en raison de la puissance de sa sonorité. Il est aujourd’hui conservé à Gênes, ville natale du virtuose.

En 1836, lors d’une tournée de Nicolo Paganini en France, Jean-Baptiste Vuillaume avait restauré il Cannone, après l’avoir ouvert sous les yeux angoissés de son propriétaire. Il en avait, dans la foulée, réalisé une copie si parfaite que Paganini la lui avait aussitôt achetée.

Violon, Jean-Baptiste Vuillaume, vers 1840, inv. 9333, © MAH, photo: B. Jacot-Descombes

Le Stradivarius Servais

Marchant dans les pas de son frère, Nicolas-François Vuillaume remporta lui aussi de nombreuses distinctions aux Expositions nationales et universelles et pratiqua la copie de maîtres italiens. Le violoncelle du MAH en est un exemple fameux puisqu’il reproduit un stradivarius de 1701, conservé aujourd’hui au Smithsonian à Washington.

Le nom de Servais lui vient d’un de ses fameux possesseurs, le violoncelliste et compositeur belge Adrien François Servais (1807-1888) qui aurait reçu l’instrument en cadeau de la part du Prince russe Nicholas Ioussoupov dans les années 1840. Servais fût un temps professeur au Conservatoire royal de Bruxelles où il côtoya Nicolas François Vuillaume qui en était le luthier attitré, comme le rappelle du reste l’étiquette du violoncelle du musée: «N.F. Vuillaume/Luthier du Conservatoire Royal de Musique/Rue de l’Éveque N° 30/Bruxelles l’An 1861».

Violoncelle, Nicolas-François Vuillaume, 1861, inv. BG 10, © MAH, photo: B. Jacot-Descombes

Sonorités d’autrefois

Si encore aujourd’hui les instruments des maîtres de Crémone, comme leurs copies fidèles, éblouissent par leur sonorité, ce sont le montage d’époque, les cordes de boyaux, le diapason et l’incidence sur le jeu, permettant des inflexions impossibles avec les instruments modernes, qui déterminent le choix de jouer la musique d’une époque sur des instruments qui lui corresponde. C’est ainsi que la musique entendue aujourd’hui, notamment le 25 novembre, est au plus proche de ce que Fritz, Schwindel, Weiss ou Mozart avaient en tête quand ils composaient.

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Concert dimanche 25 novembre à 16 heures au MAH
Autour de Gaspard Fritz – Œuvres de Gaspard Fritz, Friedrich Schwindl, W.A. Mozart par l’Ensemble Les Ramages
CHF 20.-/CHF 15.-, billets en vente sur place, une heure avant le spectacle
Prélocation à l’Arcade d’information municipale, la Maison des arts du Grütli, Cité Seniors, Genève Tourisme

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