Si vous êtes déjà venu à la Maison Tavel, il y a un objet que vous avez observé à coup sûr et dont vous vous souvenez encore aujourd’hui: c’est l’impressionnante maquette de Genève conservée dans les combles, connue sous le nom de Relief Magnin. Que vous l’ayez vu enfant, que vous y soyez revenu adulte, avec une classe, en famille ou avec des amis de passage, il reste toujours l’objet à ne pas manquer. Il est d’ailleurs sans aucun doute l’une des œuvres les plus emblématiques des collections des Musées d’art et d’histoire.
Cette maquette offre un saisissant panorama de la ville, telle qu’elle se présentait à la veille de la démolition de ses fortifications, en 1850.
L’œuvre d’une vie
Sa réalisation est le chef-d’œuvre d’Auguste Magnin (1841-1903), un architecte genevois. Né en 1841, il déambule enfant dans une ville d’aspect encore médiéval, entourée par des fortifications. Sans cesse perfectionnés, ces ouvrages représentaient alors une surface au sol équivalente à celle de la ville. Or, la bataille fait rage entre les tenants du statu quo, qui souhaitent conserver la physionomie de la ville, et les radicaux qui veulent l’ouvrir pour gagner des terrains, redessiner son plan et faciliter la circulation. Les problèmes de Genève ne datent pas d’hier! Auguste Magnin assiste à la victoire des «destructeurs» et au démantèlement des fortifications. Dès lors, il conçoit le projet de réaliser, pour les générations futures, une maquette montrant la ville telle qu’il l’a connue. Ce projet de longue haleine lui prendra dix-huit ans et sera présentée au public pour la première fois dans le cadre de l’Exposition nationale de Genève, en 1896.
Des dimensions imposantes
Sept mètres par cinq et demi, 80 éléments qui composent la ville et 55 pour les fortifications, agencés comme un gigantesque puzzle pour un total de près de 800 kilos, le Relief Magnin est un œuvre imposante. Pour le réaliser, il a fallu à Magnin relever chaque rue, chaque immeuble, chaque îlot. Pour les parties déjà détruites, il s’est documenté afin de compléter le tout. Enfin, pour les aspects techniques de la réalisation – maisons de zinc et toits de cuivre –, il s’est entouré d’artisans.
Une précision stupéfiante
À l’heure du tout technologique, des GPS et des images satellites, on peine à imaginer comment il a pu réaliser un travail pareil sans ces outils. La stupéfaction a d’ailleurs gagné les ingénieurs d’aujourd’hui lors du projet de numérisation du relief lancé il y a quelques années. En effet, en numérisant l’ensemble de la maquette et en la plaçant sur des plans actuels, il s’est avéré que la précision des relevés de Magnin était étonnante. On peut donc vraiment considérer et employer ce relief comme source d’information sur l’évolution de la ville.
Pour (re)découvrir la maquette
Pour accompagner le public dans sa découverte, un audiovisuel d’une vingtaine de minutes peut être regardé sur place. Le relief est également présenté dans le parcours en dix objets phares de la Maison Tavel. Enfin plusieurs présentations du relief sous forme de courts-métrages peuvent être visionnées avant ou après la visite, comme le film de la série Complément d’objet ou celui des Trésors de musées.
Enfin, pour les écoles, la médiation culturelle des Musées d’art et d’histoire vient de réaliser un nouveau dossier pédagogique avec des suggestions d’observation, des photos commentées et des pistes pour aller plus loin avant, pendant et après la visite. Une raison supplémentaire de redécouvrir ce patrimoine hors du commun.