La politique du MAH labellisée jusqu’en 2022
Le label «Culture inclusive» est décerné aux institutions culturelles suisses qui s’engagent durablement sur la voie de l’inclusion et de la participation culturelle. Il est attribué par le Service Culture inclusive de Pro Infirmis aux institutions qui rendent accessibles leurs offres culturelles et favorisent l’inclusion de personnes avec et sans handicap. En juin 2019, le Musée d’art et d’histoire obtiendra ce label pour la période 2019-2022. Dans ce cade, le MAH a défini des mesures inclusives qu’il va mettre en œuvre durant quatre ans, en collaboration avec ses partenaires du monde du handicap.
Les publics en situation de handicap
Depuis 2010, le secteur de la Médiation culturelle du Musée d’art et d’histoire œuvre pour rendre les collections accessibles à tous. Un vidéoguide en langue des signes a été créé pour permettre au public sourd et malentendant de découvrir les chefs-d’œuvre des collections. Des cycles annuels de visites descriptives et tactiles sont proposés au public aveugle et malvoyant. Le public en situation de handicap mental peut profiter tout au long de l’année de visites en français facile. Enfin, des visites sensorielles accompagnées d’art-thérapeutes sont organisées pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et leurs soignants.
Cette action ne se limite pas à planifier des événements pour chaque public. Les médiateurs culturels vont en personne à la rencontre des membres d’associations, des représentants des fédérations et des publics, pour comprendre les enjeux du handicap, les aspirations des personnes concernées vis-à-vis du musée et de son exploration, ainsi que les démarches à mettre en œuvre pour y parvenir. Ils se forment ensuite aux différentes pratiques (visite descriptive, français facile, langue française des signes) et créent des groupes d’experts constitués de plusieurs personnes du public cible pour préparer leurs offres au mieux.
Pour le public aveugle et malvoyant, la visite guidée traditionnelle se mue en visite descriptive et tactile. Décrire une œuvre est un travail d’orfèvre: donner du rythme, insuffler de l’émotion, organiser la description de manière simple sans omettre le moindre détail. Voilà les éléments qui permettent aux visiteurs de se créer une reconstitution mentale de l’œuvre. Mais les mots ne suffisent pas; ainsi des bas-reliefs en céramique créés par Quitterie Ithurbide, artiste céramiste, transforment les peintures en objets tridimensionnels et accompagnent ces visites afin que le public devienne l’acteur en découvrant par lui-même les contours de l’œuvre.
Chaque année, quatre cycles de visites descriptives thématiques sont organisés et, pour chacun d’entre eux, septante personnes en situation de handicap venues de Genève et des cantons voisins se rendent au musée.
Les efforts continuent
L’obtention du label «Culture inclusive» vient saluer l’ensemble de ce travail, tout en veillant à sa continuité. L’objectif est clair: faire du musée un lieu accessible à tous. S’il est certain aujourd’hui que les adultes en situation de handicap trouvent des offres appropriées au musée, la démarche du MAH doit également s’élargir aux plus jeunes. Ainsi, 2019 sera l’année du jeune public en situation de handicap. Le matériel sensoriel développé a permis de créer une visite sur mesure pour les enfants à besoins éducatifs spécifiques, intitulée Dans tous les sens.
Ce parcours entraîne les élèves des centres médico-pédagogiques, des classes spécialisées et inclusives à travers nos collections, de l’archéologie aux beaux-arts, sur le thème des cinq sens. Toucher des reproductions d’œuvres, sentir la forêt d’un tableau, goûter les fleurs des impressionnistes, entendre l’orage d’Alexandre Calame et voir sculptures et tableaux: cette visite est une véritable expérience muséale.
Le Musée d’art et d’histoire va également améliorer l’accessibilité de ses expositions, en collaboration avec des experts culturels en situation de handicap. Il s’agira aussi de mettre par écrit les critères utiles et de former les collaborateurs à cette démarche. De plus, le Musée d’art et d’histoire va aussi proposer ses visites pour personnes en situation de handicap sous une forme inclusive, c’est-à-dire ouverte à tous les publics.
L’accessibilité, un enjeu pour tous les publics
L’accessibilité semble être un enjeu qui ne concerne que peu de visiteurs, mais il n’en est rien. Ces mesures permettent en effet à tous les publics une découverte enrichissante du musée. Ainsi lors de l’exposition Hodler//Parallélisme au Musée Rath en 2018, des touristes non-francophones se sont joints naturellement aux visites en français facile; lors d’un Afterwork sur le thème des cinq sens, le public était ravi de pouvoir toucher des maquettes ou de découvrir un tableau dans le noir. De plus en plus de personnes sans handicap se joignent à ces visites spécifiques pour découvrir des œuvres en profondeur, différemment.
Nous sommes tous à un moment ou un autre de nos vies en situation de handicap, que ce soit par la perte d’un de nos sens ou simplement quand nous devons nous déplacer avec des béquilles, un fauteuil ou une poussette. Si une vitrine est plus basse dans une exposition, cela ne sert pas uniquement aux personnes en fauteuil roulant mais aussi aux jeune public; si une maquette tactile est disponible de manière permanente à côté d’un tableau, elle permet à tous de découvrir l’œuvre avec une nouvelle perspective, et de franchir le grand interdit muséal: toucher; si un visiteur a un proche en situation de handicap, ils peuvent explorer le musée ensemble, et chacun peut découvrir les perceptions de l’autre.
Un musée accessible aux personnes en situation de handicap est un musée qui s’adapte à tous. À l’aube d’un nouveau projet d’agrandissement pour le Musée d’art et d’histoire, il est bon de souligner qu’il s’agit d’un lieu de rencontre et de mixité sociale à l’intérieur duquel les œuvres rassemblent les publics, quels qu’ils soient. Durant les quatre années à venir, le label «Culture inclusive» de Pro Infirmis accompagnera le Musée d’art et d’histoire dans cette démarche.