La Maison Tavel célèbre le centenaire du Monument international de la Réformation
À la Maison Tavel, l’exposition Faire le mur? Le Monument international de la Réformation a 100 ans! se propose de retracer les grandes étapes de la création de ce que l’on nomme désormais couramment «Mur des Réformateurs ». Une véritable fresque historique…
Le Monument international de la Réformation a 100 ans! Un siècle a passé depuis son achèvement en 1917. Correspondance heureuse, l’année 2017 marque les 500 ans de la publication des thèses de Luther, élément crucial de la Réforme dont Calvin portera et développera, à sa manière, les idées. Relevant du spirituel, la Réforme excède cependant le champ du religieux avec ce qu’elle induit de ferments démocratiques dans les pouvoirs d’hier comme d’aujourd’hui. Acteur majeur du monument genevois, Charles Borgeaud, en historien, l’avait bien compris, lui qui fit d’une histoire commune à tous, dépassant les convictions religieuses, un argument fédérateur dès la genèse du projet.

©Roubaix, La Piscine musée d’art et d’industrie André Diligent, photo: A. Leprince, inv. PH 2392
Un exercice démocratique
L’histoire nous livre des pistes pour la compréhension de l’importante paroi sculptée. Évitant un culte de la personnalité pour évoquer une «généalogie» calvinienne à travers ses protagonistes, le programme iconographique défend le concept d’une démocratie fille de la Réforme. L’initiative du projet, individuelle au départ, deviendra collective par un exercice… démocratique! Entre 1902 et l’année de la pose symbolique de la première pierre, 1909, on réfléchit, on argumente, on débat, on s’oppose, pour enfin trouver le consensus. Un concours a été organisé, international, et le projet des architectes Laverrière et Taillens, en collaboration avec Monod et Dubois, fait l’unanimité. L’exécution de la sculpture, objet d’un second concours, distinguera Henri Bouchard et Paul Landowski.
Se pencher sur l’histoire du Monument international de la Réformation conduit à s’interroger sur ses particularités par rapport à des édifices d’un profil comparable. D’autres questions s’imposent: comment a-t-on pu réaliser un monument lié à l’identité protestante, alors que Genève devenu canton suisse réunit des confessions diverses? Comment, après les maintes discussions sur le type de réalisation ou sur le choix de l’emplacement, le mur de Laverrière et Taillens a-t-il rallié les opinions? Il est vrai que les architectes ont proposé une modernité qui ne se saisira de l’architecture et des arts appliqués que bien plus tard…

©Roubaix, La Piscine musée d’art et d’industrie André Diligent, photo: A. Leprince, inv. PH 2410
Un monument devenu emblématique
Au-delà des idées, ce sont aussi les hommes qui ont fait ce monument. Charles Borgeaud conçoit et dirige son iconographie en collaboration avec les sculpteurs dont la carrière restera marquée par leur passage à Genève. Le comité de l’association créée pour l’occasion rassemble des personnalités dont l’engagement sera garant du succès, et la mobilisation suscitée permettra l’entier financement par dons et souscriptions. Remis à la municipalité dans la plus grande discrétion l’été de la terrible année 1917, le monument endosse dès l’armistice son rôle d’attrait touristique d’une ville véritablement internationale, tout comme celui d’emblème que chacun, à chaque époque, s’approprie, revendique ou réfute. Ce monument est un centenaire qui a vécu les inévitables changements d’un monde en marche, mais il est de pierre et perdurera donc comme les idées des hommes qu’il porte, eux disparus depuis longtemps.
L’exposition et le catalogue ont bénéficié du généreux soutien de Bordier & cie, Banquiers Privés, à qui nous adressons notre sincère reconnaissance.