KÉSAKO ?

Un nouveau rendez-vous famille et jeune public a pris ses quartiers au musée depuis février 2023 : le mini-club de lecture. Grands fauteuils rouges, grosse malle aux trésors et tapis duveteux, les enfants dès 6 ans prennent plaisir à s’installer confortablement pour découvrir des histoires contées ou lues que nous leur destinons. Les thématiques sont variées et se rattachent à notre collection et à nos expositions. Puis arrive le moment de découvrir les secrets que renferme le gros coffre en bois : des livres, évidemment ! Une sélection d’ouvrages jeunesse provenant du fonds des bibliothèques municipales est présentée autour du thème abordé, à la fois des documentaires, des albums, des pop-up, des premières lectures, des bandes dessinées, etc. Chacun.e dispose d’un moment pour feuilleter, découvrir et partager ce qu’il ou elle voit. Les parents, quant à eux, ne sont pas en reste, car, depuis quelque temps, nous leur proposons également des titres en lien avec le thème et ils repartent avec la bibliographie complète de l’événement. La rencontre se termine toujours par une activité de bricolage ou de jeu, si bien que l’heure et demie d’activité a filé si vite que personne n’a vu le temps passer.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Si, dans un premier temps, ces rencontres se sont déroulées en salle grecque offrant pléthore de récits à travers sa vaste collection de céramiques au riche décor figuratif, elles ont depuis investi tout le musée et même les expositions temporaires. En effet, après des mini-clubs aux titres mythologiques alléchants tels que De fil en pages : Ariane, Thésée et les Parques, La Guerre de Troie a eu lieu, ou L’Histoire dont tu es la super-héroïne ou le super-héros, l’offre s’est diversifiée avec Le Prince d’Égypte, Voyages et Aventures (dans l’exposition Ella Maillart au Rath) ou Beurk ! Histoires de recettes dégoûtantes. Ce sont donc plus d’une dizaine d’histoires différentes qu’enfants et parents ont eu le plaisir de (re)découvrir.

Le concept ne va d’ailleurs pas s’arrêter de sitôt, car ce ne sont pas les sujets qui manquent ! Chaque espace, chaque exposition peut devenir le prétexte pour un mini-club. Le matériel se déplace très facilement et si le public a un tant soit peu de place pour s’asseoir, cela suffit. Nous n’avons pas besoin d’être devant l’œuvre attendue, sa découverte peut faire l’objet d’un déplacement salvateur en se dégourdissant les jambes, et ce, avant de replonger dans une autre histoire.

UNE COMPLÉMENTARITÉ ENTRE LES SECTEURS

Par le biais de ce projet, une nouvelle collaboration est née entre deux secteurs de l’unité des publics du musée – la Bibliothèque d’art et d’archéologie (BAA) et la médiation – avec cette même volonté d’approche transversale : intégrer le livre dans le musée. À une époque où les écrans prennent de plus en plus de place dans notre quotidien, promouvoir la lecture ou tenter d’en insuffler le goût au jeune public semble essentiel. Le livre permet de s’évader, mais peut aussi servir d’outil d’apprentissage et de développement. Les ouvrages documentaires sur le marché aujourd’hui sont très éloignés des manuels scolaires ennuyeux et poussiéreux d’une certaine époque. Ils restituent des informations de manière ludique et amusante grâce à des pages colorées richement agrémentées d’images et de photos. Par conséquent, ils ont toute leur place au musée, pouvant illustrer un propos sur une œuvre, apporter une autre dimension à une visite ou tout simplement servir de supports à des histoires immersives.

La complémentarité entre la BAA et la médiation est idéale pour mener ce projet à bien et est possible grâce au généreux soutien de la Fondation Coromandel. D’un côté, bien qu’elle ne possède pas de fonds d’ouvrages pour les enfants ou le grand public – ayant avant tout un panel de lecteur.trice.s composé de chercheur.euse.s et d’étudiant.e.s –, la BAA a les ressources pour établir une bibliographie adéquate et attrayante pour le public concerné. D’un autre côté, la médiation a les moyens et les astuces de communication pour lier le monde du livre aux collections du musée et créer des ateliers ludiques associés.

Cette collaboration plutôt inédite sert les deux secteurs : la BAA touche un public plus jeune et, tout en faisant connaître aux parents le domaine qui est le sien, elle s’ouvre également à la transmission ; la médiation, de son côté, diversifie son offre pour les familles et peut s’appuyer sur un support pour transmettre des connaissances sur les collections du musée ou procurer le sentiment d’évasion propre à la lecture d’un conte ou d’un récit. Le public, quant à lui, découvre une sélection de livres qu’il peut manipuler et retrouver ensuite aux bibliothèques municipales, ainsi que des objets de notre collection par le biais d’histoires.

RÉSULTATS

Le mini-club rencontre un franc succès depuis son lancement, si bien qu’il est presque systématiquement complet et que nous acceptons régulièrement des personnes qui se présentent spontanément le jour même. Les retours sont dithyrambiques tant du côté des parents que des enfants, friands de connaître les dates et les thèmes des prochains rendez-vous. Dans un contexte post-covid où l’offre des activités à Genève ne cesse de croître, nous parvenons tout de même à fidéliser une partie du public qui a plaisir à revenir découvrir de nouveaux sujets et des histoires inédites. Le mini-club parvient également à attirer de nouvelles familles, soit grâce au bouche-à-oreille, soit grâce à la publicité faite sur les réseaux sociaux ou dans notre newsletter.

Le concept ne cesse d’évoluer et de s’affiner au fil des rendez-vous : la bibliographie intègre un public plus large touchant autant les petits frères et sœurs que les parents ; elle introduit aussi, petit à petit, d’autres types de médias tels que des podcasts, des applications ou des jeux ; les activités, quant à elles, se diversifient – aux bricolages s’ajoutent l’écriture de hiéroglyphes ou des jeux de société.

Quant au vaste projet d’intégrer le monde du livre dans le musée, il ne se limite évidemment pas uniquement au mini-club de lecture. Une offre pour les adultes est déjà proposée mensuellement ; appelée « MAH Balade littéraire », elle accueille des auteur.e.s interviewé.e.s par la talentueuse journaliste Céline Argento à travers nos collections où la médiation introduit une œuvre en préambule. Dans le musée de demain, l’idée est de proposer des livres à travers les salles, librement accessibles et consultables au gré de la visite. Cette approche est testée en ce moment dans nos espaces multifréquences qui ont investi les loggias à l’étage des Beaux-Arts. Plutôt réservées aux adultes, ces zones – et le reste de l’institution – pourraient aussi accueillir des ouvrages jeunesse dans un futur proche.