Le métier du peintre

L’étude du métier du peintre demeure une source fondamentale pour la compréhension des œuvres et du contexte historique et technique qui les voit naître. Ce thème est traité dans l'exposition De bleu, de blanc,de rouge, à voir actuellement au MAH, au travers de quatre sections : l’atelier du peintre ; les couleurs et l’outillage ; l’œil du peintre ou les instruments optiques ; la peinture en plein air. Ces sections entrent en écho avec les peintures elles-mêmes et doivent permettre au public de découvrir un mobilier singulier, un outillage et des matériaux propres au XIXe siècle, ainsi qu’une sélection d’instruments optiques rarement commentés bien que largement utilisés par les peintres et dessinateurs de cette époque.

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L’atelier du peintre

Pour la réalisation des figures, des costumes, des drapés et des accessoires, le peintre s’appuie sur la présence de mannequins en atelier. Ces poupées, tout en bois ou « composées de bois et de métal pour les charnières et articulations »,étaient rembourrées de tissus pour simuler la chair et les muscles. « L’art de bien mannequiner est fort difficile, et demande beaucoup de connaissances, de goût et de patience », écrit le peintre Pierre-Louis Bouvier, qui vante en particulier les modèles fabriqués au début du XIXe siècle par M. Huot à Paris. Complétant ces modèles de « grandeur naturelle et de demi-grandeur », des mannequins articulés de plus petites dimensions ainsi que des maquettes en bois représentant des animaux (cheval, vache et mouton) sont vendus à des prix plus abordables dans le dernier quart du siècle.

Mannequin, 1775-1815

Mannequin, 1775-1815
Bois sculpté, 110 cm
Don de Mme Claparède, 1941
Inv. 1941-18
© MAH, photo : S. Waeber

Les couleurs du peintre

Tout au long du XIXe siècle, les pratiques propres au métier du peintre vont évoluer au rythme des améliorations techniques apportées à l’outillage, aux matériaux (supports à peindre, pigments, laques et médiums) et à leur conditionnement. Ainsi, l’invention des tubes à peindre – brevetée en Angleterre en 1841 et développée en France par la maison Lefranc dès 1855 – et le développement des boîtes à peindre « prêtes à l’emploi » pour les techniques à l’eau (boîte Lechertier, Barbe & Co), à l’huile ou sur émail (boîte Lacroix) vont libérer le peintre de nombreuses contraintes techniques et favoriser le travail en atelier et en plein air. Ce dernier est matérialisé dans cette exposition par une section « pleinairisme » et par de nombreux tableaux de l’école de Barbizon et du mouvement impressionniste.

Boîte à peindre

Boîte à peindre de la maison Lechertier-Barbe
XIXe siècle
Bois et divers matériaux, 8,5 x 24 x 21,8 cm
Collection privée, Genève
© MAH, photo : B. Jacot-Descombes

L’œil du peintre

La chambre claire ou camera lucida est mentionnée à la fin du XVIIIe et probablement fabriquée pour la première fois en France par la maison Lerebours en 1804. Le premier brevet est toutefois déposé en Angleterre en 1806 par William Hyde Wollaston (1766-1828). Décrit au mois d’octobre 1807 dans le Journal des arts, des sciences, de la littérature et de la politique, cet instrument permet « de fixer sur le papier, avec la plus exacte précision, l’image de l’objet que l’on veut rendre, et de procurer ainsi à l’artiste la facilité d’en copier les détails les plus minutieux ». Cet instrument conservé dans un écrin se compose d’un prisme, monté sur une tige en laiton polie dont la base est lestée ou fixée sur sa boîte. Parmi les fabricants français, sont ici présentés : Charles Chevalier ; Robert Moreau ; Auguste Patte et Pierre Berville. Le nombre d’opticiens produisant cet instrument confirme son usage, toutefois, le silence des dessinateurs et des peintres à son sujet semble inversement proportionnel à sa présence dans les ateliers.

Chambres noires et claires

Chambre claire Robert Moreau
France, vers 1860
Laiton doré, prismes et lentilles

Chambre claire Pierre Berville
France, vers 1880-1900
Laiton doré, prismes et lentilles

Chambre noire de voyage
France, vers 1820
Laiton, noyer, prisme

Collection privée, Genève
© MAH, photo : B. Jacot-Descombes

Le pleinairisme

Les précurseurs du pleinairisme ou travail en plein air sont certainement les artistes de l’école de Barbizon – représentés dans cette exposition par des peintres tels que Constant Troyon –, mais c’est aux impressionnistes que le pleinairisme doit ses réalisations les plus significatives en France. Le pleinairisme s’attache à des représentations de scènes d’extérieur, fixant les jeux de la lumière naturelle sur les sujets dépeints. Pour cela, un outillage adapté aux contraintes du travail en plein air voit le jour : parasol, chevalet de campagne, pinchart (ou siège pliable), porte-toiles, boîte à peindre et ses couleurs toutes prêtes. Cet équipement transportable s’accompagne d’instruments optiques (chambre noire et chambre claire), nécessaires pour fixer rapidement les contours d’un paysage fugace, où la lumière et les formes ne cessent de se transformer.

Vue d'une prairie

Constant Troyon (1810-1865)
Bord de prairie, vers 1850-1860
Huile sur panneau, 25 x 37,5 cm
Achat, 1909
Inv. 1909-44
© MAH, photo : B. Jacot-Descombes

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