Depuis de nombreuses années, le secteur de la médiation culturelle des Musées d’art et d’histoire propose des découvertes du musée à effectuer en famille. Les enfants d’âges différents avec leurs parents ou grands-parents sont invités à partager ensemble un moment au musée dans une perspective de collaboration intergénérationelle. Depuis quelques temps, ces propositions ont été systématisées à l’instar des Mercredi Family et ont gagné en visibilité grâce notamment à la réalisation d’un espace permanent destiné aux familles: l’espace #mahfamily.
Les familles au musée, une véritable politique
Les activités ludico-éducatives – pour reprendre le terme à la mode – à destination des familles fleurissent depuis quelques temps dans divers domaines, révélatrices du besoin – ou tout au moins du marché – que représente une offre commune pour enfants et adultes. Le «faire ensemble» est à la fois l’occasion de partager un bon moment et de s’ouvrir l’esprit de concert.
Le MAH n’a pas attendu cette nouvelle mode pour proposer au public familial des activités diversifiées, le plus souvent gratuites: visites commentées spécifiques, supports d’aide à la visite, ateliers d’expérimentation ou encore contes ou spectacles en lien avec une thématique d’exposition.
Cette politique de médiation à l’égard des familles répond à l’une des missions des institutions muséales, inscrite dans le code de déontologie de l’ICOM: développer son rôle éducatif et drainer le public le plus large possible de la communauté, de la localité ou du groupe qu’ils servent. Elle a également un double avantage: d’une part, les expériences de visites fructueuses vécues dans l’enfance forgent le visiteur du futur; d’autre part, beaucoup de jeunes adultes ne se (re)mettent à fréquenter le musée qu’une fois devenu parents d’enfants en âge d’y être conduits.
Pourquoi les familles en particulier?
Dans l’offre de médiation proposée, la présence des parents est particulièrement importante:
♦ On sait que, au moins chez le jeune enfant, l’acquisition de savoirs est favorisée par la dimension affective, le plaisir mais aussi la présence rassurante de la cellule familiale.
♦ Le fait d’élaborer une offre familiale permet d’élargir les propositions. Ainsi, dans la récente exposition Ferveurs médiévales à la Maison Tavel, un atelier en famille de sculpture sur bois a été organisé. Comme son titre une branche, un couteau le laissait supposer, il s’agissait d’apprendre à manipuler un instrument très tranchant… Une activité que nous n’aurions jamais envisagée pour des enfants seuls.
♦ Sur le plan éducatif enfin, les médiateurs de musée ont pour objectif de mettre en relation publics et objets dans un contexte matériel et cognitif relativement complexe. Il leur est donc difficile de prendre en charge la sécurité et la discipline d’une douzaine d’enfants pour garantir la qualité de la rencontre.
Du «sur mesure» à un ajustement en permanence!
A priori, il peut sembler facile d’élaborer des propositions s’adressant à ce type de public: les contenus doivent rester abordables, les sujets attractifs et peu polémiques, les durées limitées… Mais c’est compter sans les rythmes variés, les séquences diversifiées, le jonglage sur les niveaux de langage et la façon d’aborder les concepts. Les enfants sont souvent les destinataires principaux parce qu’ils sont généralement majoritaires. Mais les adultes ne doivent pas se sentir simples spectateurs. L’enfant a la spontanéité, l’acuité du regard, la curiosité. L’adulte a la référence et la compréhension du vocabulaire spécifique (mais pas toujours) et souvent la réserve voire l’inhibition de participer à l’échange. Le médiateur qui conduit la rencontre doit pianoter sur une gamme complexe pour créer l’harmonie.
La tâche est d’autant plus difficile pour les propositions sans réservation, comme les Mercredi Family. Le nombre de personnes est très variable, le rapport adulte/enfant également. Les habitués se mêlent aux néophytes. Les âges des enfants peuvent également être extrêmement différents, ce d’autant plus que l’âge indicatif de «dès 6 ans» est souvent revu à la baisse! Mais quand la mayonnaise prend, ces moments partagés font véritablement rimer éducation et délectation.
Les vacances de patates ou la folle semaine
C’est pourquoi, forts de ces expériences enrichissantes tant pour les familles que pour l’institution, les MAH ont décidé d’organiser une semaine folle d’activités pour les familles durant les vacances de patates. Une nouveauté dans l’offre familiale! Du 23 au 28 octobre 2013, un concentré de propositions s’échelonne de 14h à 17h en semaine et toute la journée le week-end. Du «costume pas pratique» aux machines de Tinguely, des monstres mythologiques aux instruments de musique, de la salle des armures aux salles beaux-arts, ce ne sont pas moins de 40 rendez-vous qui attendent parents et enfants.
La folie réside dans la pléthore de propositions mais aussi dans l’idée que, durant six jours, le cœur du musée battra au rythme des familles.
L’élargissement du musée en direction de nouveaux publics…
Si l’accueil des familles est le premier pas pour drainer et «interagir» avec le public le plus large qui soit, il n’est de loin pas le seul. Accueil des écoles et des maisons de quartier, travail avec les associations spécialisées pour faire venir les publics handicapés ou encore collaborations avec les spécialistes de la petite enfance sont autant de jalons moins vers l’élargissement des publics du musée que vers l’élargissement du musée dans leur direction: une manière d’ouvrir les bras au monde, de se mettre véritablement au «service de la société et de son développement» qui doit être la priorité du musée du XXIe siècle.