La chromolithographie ou l’impression en couleurs
Si Senefelder réalise des essais en couleurs dès 1810, les Français Charles-Philibert de Lasteyrie (1759-1849) et Godefroy Engelmann (1788-1839) exécutent des tirages en deux couleurs à Paris vers 1816. Engelmann fait breveter en 1837 son invention sous le nom de chromolithographie. Il utilise une pierre par couleurs et son invention repose notamment sur le système de la quadrichromie (une pierre par couleur primaire – cyan, magenta et jaune – et une pour le noir permettent d’obtenir les autres couleurs par superposition) inventé au XVIIIe siècle par un autre graveur, Jacob Christoph Le Blon (1667-1741). Mais le plus souvent, la chromolithographie utilise de nombreuses pierres, parfois une vingtaine, pour rendre toutes les couleurs souhaitées. Chaque pierre supportant la partie du dessin qui doit être encrée dans une couleur particulière. Cette technique nécessite la mise au point de presses lithographiques permettant un repérage précis pour imprimer successivement les différentes pierres sur la même feuille de papier.
Le plus souvent, une première pierre – pierre matrice ou de trait – porte les contours du dessin séparant nettement les couleurs. On exécute ensuite des décalques de ce dessin sur autant de pierre qu’il y a de couleurs nécessaires. Les décalques sont tous à la même taille et positionnés précisément afin que les couleurs puissent se juxtaposer exactement. Le dessinateur place souvent des points de repère sur les bords de la pierre afin de faciliter ce repérage.
« Il ne faut pas oublier que le nombre des planches croîtrait à l'infini, s'il était nécessaire d'exécuter un dessin sur pierre spéciale pour chaque nuance ou même chaque teinte à obtenir ; le lithographe, avant de commencer le travail de la première pierre, doit se rendre compte du but à atteindre et examiner les moyens propres à y parvenir économiquement et rapidement : il déterminera les teintes types dont il fera usage par la suite pour obtenir en les combinant toutes les teintes qu'il laissera d'abord de côté.
Il choisira tout d'abord les teintes fondamentales qui se présentent pures, dans l'original ; la superposition de ces teintes met déjà un grand nombre de teintes intermédiaires à sa disposition. Il remarquera ensuite certaines teintes qui, par la nature de leur exécution, ne pourraient s'obtenir par impressions successives ; ainsi sont les traits finement menés, les pointillés, etc. ; une pierre spéciale sera consacrée à chacune d'elles. Enfin viendront les teintes qu'une série d'impressions superposées ne peut rendre fidèlement ; pour terminer, il établira sa planche de gris ou de bistre qui donnera de la force et du relief à l'ensemble du tirage. » (Frédéric Hesse, Albert Mouillot, Georges Lequatre, La chromolithographie et la photochromolithographie, Paris, A. Muller, 1897, p. 60-61).