Inventaires au MAH: du registre manuscrit à l’accès via smartphone

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C’était il y a un peu plus de deux ans, date symbolique du centième anniversaire de l‘institution, que les inventaires des collections du Musée d’art et d’histoire ont fait leur première apparition sur Internet à travers le site des collections en ligne et son accès optimisé pour smartphone. Pas toutes d’un coup, bien entendu, mais tout de même un ensemble de plus de 10 000 pièces. Et depuis, le nombre d’objets en ligne n’a cessé d’augmenter, l’objectif étant de publier la plus grande partie de nos collections dans les dix ans à venir.

Il est vrai que ce genre de service en ligne ne surprend plus guère l’internaute du XXIe siècle: à l’époque des autoroutes de l’information, on s’attend à ce que le monde soit accessible depuis son ordinateur, sans restrictions, mais aussi sans qu’on s’interroge sur le travail fourni en amont de cette source apparemment sans limites. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il est sans doute utile de remonter un peu dans le temps.

Précieux, mais pas pratique

Lorsque le musée ouvre ses portes en 1910, ses collections se composent de plus d’une demi-douzaine d’ensembles fusionnés: l’ancien Musée archéologique, le Musée des beaux-arts, le Musée des arts décoratifs, le Musée Fol, les collections de l’Arsenal, etc. Chacune de ces collections avait son «inventaire», terme par lequel on désignait alors ce qu’on appelle aujourd’hui les registres. Très sommaires, parfois fantaisistes, ces registres sont néanmoins les premiers outils de gestion des collections et, aujourd’hui encore, ils détiennent souvent les seules rares et précieuses informations que nous ayons sur la provenance des objets. Sur le plan pratique, ils ne permettent cependant pas d’aller au-delà d’une gestion rudimentaire. Très vite, à l’image de ce qui se faisait dans d’autres musées de l’époque, les «fiches cartonnées» font leur apparition. Véritables ancêtres de la base de données informatique, ces fiches sont d’abord manuscrites et illustrées de dessins, au début du XXe siècle, puis très rapidement dactylographiées et enrichies de photographies d’identité.

Des générations de collaborateurs ont ainsi enrichi ces cartothèques. Ils devaient cependant se rendre compte que plus son volume augmentait et plus la cohérence et l’utilité de l’outil se perdait. Ainsi des esprits visionnaires ont senti dès la fin des années 1970 que l’avenir de la gestion des collections pourrait être informatique: un projet mené conjointement par le musée et l’Université de Genève a débouché sur l’enregistrement de la collection de peinture française à l’aide d’une machine, ancêtre de l’ordinateur, alimentée de fiches «mémoire» en carton perforé. Il est intéressant de lire les réactions qu’a suscitées cette expérience, assez avant-gardiste pour l’époque. Les avis conservateurs et progressistes s’affrontent lors d’un colloque sur le sujet en 1980: la «machine» sonne-t-elle le glas de la profession ou annonce-t-elle une nouvelle ère de la gestion des collections? Toujours est-il que les décennies suivantes ont vu l’enregistrement progressif et systématique de tous ces inventaires «papier» légués par les générations précédentes. Les systèmes informatiques se sont succédés, les données migrées d’un logiciel à l’autre, toujours plus performants. L’année 2010 marque finalement un tournant décisif avec la mise en production d’un outil de gestion de collections d’une nouvelle génération qui permettra en peu de mois la première mise en ligne des inventaires.

Consultables grâce à une version optimisée pour smartphone, ces données sont désormais appelées à alimenter d’autres développements multimédia en cours d’élaboration. N’oublions cependant pas qu’elles ont été produites par des dizaines d’intervenants: elles sont le fruit d’un travail centenaire.

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