Le Musée d’art et d’histoire renferme quelques trésors dont ces statuettes cycladiques en marbre blanc, aux lignes épurées, datant de l’extrême fin du IVe millénaire et du IIIe millénaire avant notre ère. Si celles-ci sont d’une grande beauté et d’une surprenante modernité, elles s’inscrivent dans une tradition venant du fond des âges où, il y a plus de 30’000 ans avant le présent [soit avant 1950, NDLR], les premières figurines féminines en ronde-bosse sur pierre, ivoire ou encore modelées dans l’argile, sont apparues sur le continent eurasiatique. Cette tradition va se poursuivre durant toute la Préhistoire et un peu au-delà avec ces statuettes cycladiques. Ce sont en très grande majorité des femmes qui sont dépeintes, ou plutôt certains canons de femmes. Au Paléolithique, il s’agit notamment de représentations aux formes très généreuses, comme les Vénus de Lespugue ou de Willendorf, dont l’ampleur des seins, du ventre et des fesses paraît presque exagérée. Néanmoins, la plupart présente des caractères sexués moins développés.
Par la suite, certaines pièces afficheront des femmes bien en chair, comme la Dame aux Fauves de Çatal Höyük en Anatolie ou encore la Dame endormie découverte à Malte et peu ou prou contemporaine des statuettes cycladiques. Au contraire, sur d’autres, seuls les caractères sexués principaux, comme les seins, le pubis ou les hanches arrondies sont façonnés sur des supports plutôt minces. C’est le cas des statuettes cycladiques féminines qui se distinguent également par leurs bras croisés sous la poitrine.