Enrichissement du MAH : armes et armures

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Don d’un ensemble d’armes anciennes issu de grandes collections genevoises

Une importante donation est venue enrichir la collection d’armes anciennes du Musée d’art et d’histoire, dont elle complète harmonieusement les fonds. Grâce à la générosité de Michèle et Xavier Givaudan, un armet savoyard (casque de cuirassier caractérisé par une visière évoquant un visage humain) rejoint ainsi l’ensemble remarquable déjà conservé, qui, rappelons-le, est à l’origine de la dénomination moderne de ces casques emblématiques de l’Escalade. Le nouveau venu fait partie du groupe restreint des exemplaires dotés, en plus des ouvertures simulant les yeux et la bouche – ici prolongée par une moustache gravée ­–, d’un nez modelé en relief. Un beau plastron (devant de cuirasse) gravé à l’eau-forte typique de la production milanaise des années 1570-1580 renforce pour sa part le noyau de pièces similaires provenant, pour l’essentiel, du fonds de l’ancien Arsenal.

Armet savoyard. Italie du nord, v. 1600-1620
Acier, laiton, fragments de cuir et de textile ©MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. AA 2018-31

Dans cet exemplaire, les traditionnelles bandes longitudinales gravées de petits motifs «à la lombarde» abritent des médaillons historiés figurant des guerriers à l’antique, le héros légendaire romain Marcus Curtius se jetant dans l’abîme, et, à l’encolure, Hercule combattant l’hydre de Lerne. À ces deux pièces défensives s’ajoute une paire de tassettes (pièces d’armure protégeant l’aine et le haut des cuisses) cannelées dans le style du deuxième quart du XVIe siècle.

Plastron (détail), Italie du nord, v. 1570-1580
Acier gravé à l’eau-forte, H. 45; L. 35,5; Pr. 17,5 cm ©MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. AA 2018-29

Cette donation comprend également deux pertuisanes de parade du XVIIe siècle dont les lames ont été ultérieurement rehaussées, l’une d’un décor gravé et doré, l’autre d’incrustations en argent. Quant aux armes blanches, elles sont représentées par un sabre de la fin du XVIIe siècle à monture dite wallonne, accompagné d’un exemplaire composite plus tardif; mais surtout, par trois épées de ville françaises à monture ouvragée de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La plus ancienne, dont la monture offre un type d’ornementation à la mode en France à partir des années 1760, pourrait, selon le donateur, être rattachée à un représentant d’une éminente famille genevoise, Théodore Tronchin (1709-1781), qui occupa dès 1766 la charge de premier médecin de Louis-Philippe, duc d’Orléans.

Épée de ville (détail), France, v. 1760-1780
Acier ajouré, ciselé et doré, alliage cuivreux. L. 100,5 cm (lame: 83 cm)
©MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. 2018-31

Les dix pièces brièvement évoquées ici ont en effet appartenu à la prestigieuse collection de la famille Tronchin, avant de rejoindre celle du pharmacien et entrepreneur Xavier Givaudan (1867-1966), grand-père du donateur, qui avait acquis la propriété de Bessinge (Vandœuvres) et son contenu en 1938. En qualité de témoins du collectionnisme local du XVIIIe au XXe siècle, elles peuvent se prévaloir, indépendamment de leurs mérites historiques et artistiques propres, d’un intérêt patrimonial de premier plan.

Épée de ville (détail), France, v. 1780-1790
Acier bleui, gravé, ciselé et doré, argent. L. 101 cm (lame : 84 cm)
© MAH, photo : F. Bevilacqua, inv. 2018-32

Cet article est une version enrichie de celui publié dans le MAHG de septembre 2018

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