En descendant le Rhône: la face cachée des collections du MAH au MuCEM

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L’inauguration du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille, en ces premiers jours de juin, est l’un des événements phares de la cité phocéenne, promue capitale européenne de la culture pour l’année 2013. Dans un bâtiment neuf conçu par les architectes Rudy Ricciotti et Roland Carta sur le front de mer, l’institution présente deux manifestations temporaires, Au Bazar du genre et Le Noir et le bleu – un rêve méditerranéen, et surtout une installation permanente intitulée La Galerie de la Méditerranée. Pluridisciplinaire, regroupant objets archéologiques, peintures, sculptures, témoignages du quotidien ou œuvres contemporaines, l’exposition fait dialoguer les rives de la mer Méditerranée en interrogeant de grands thèmes communs aux peuples qui les ont façonnées: agriculture et élevage, monothéisme, citoyenneté, grandes découvertes.

45 pièces archéologiques du MAH exposées

Le MAH s’est trouvé très tôt associé à cette belle aventure, ne serait-ce que par les liens collégiaux privilégiés qui unissent les collaboratrices et collaborateurs des deux institutions. Sur le plan scientifique, cette collégialité se traduit par le prêt de quarante-cinq œuvres archéologiques des collections genevoises qui peuvent ainsi être présentées au public, certaines pour la première fois, dans les salles du musée marseillais. En effet, et mises à part cinq pièces majeures* qui ne seront prêtées que quelques mois, une quarantaine de ces objets étaient jusqu’à présent conservés dans nos réserves, faute d’espace à Genève pour les montrer au public de la rue Charles-Galland.

Parmi ces œuvres, on compte plusieurs récipients et vaisselles en céramique de Grèce et de Grande-Grèce, illustrant les banquets citoyens des premières démocraties. Mais le lot principal est constitué de figurines animales en terre, exhumées à Kerma, évoquant le développement de l’élevage, et de celles en bronze appartenant à la collection proche-orientale. Ces deux ensembles font la richesse et – d’une certaine manière – la spécificité du Musée d’art et d’histoire par rapport aux autres musées suisses et ils n’attendent qu’un agrandissement des volumes d’exposition pour être redéployés et offerts à l’attention du public genevois.

Le MAH à l’affiche

Un dernier groupe d’œuvres prêtées est constitué de visages et de bustes de femmes et d’hommes: quatre masques funéraires de l’Égypte tardive côtoient ainsi deux portraits romains républicains, et quatre dalles funéraires palmyréniennes. Le Musée d’art et d’histoire peut s’enorgueillir de posséder, depuis le début du XXe siècle, une quinzaine de ces monuments en calcaire qui venaient clore les sépultures des habitant-e-s de Palmyre, les représentant en buste, coupé au-dessous des coudes, parfois accompagnés d’une inscription généalogique en araméen. Neuf d’entre eux sont présentés dans la salle des Antiquités romaines du Musée d’art et d’histoire où ils accueillent les visiteurs.

Dalle funéraire palmyrénienne exposée au Musée d’art et d’histoire
© MAH, photo: Zimmermann, 2010

Si, lors du réaménagement de la salle romaine en 2010, on pouvait légitimement s’attendre à ce que les «laissés-pour-compte» puissent faire l’objet de demandes de prêts de la part d’autres institutions, il était difficile d’imaginer la surprise qui allait attendre les Genevois se rendant au MuCEM. Car non seulement ces autres bustes, relégués «aux réserves» helvétiques, occupent une place centrale dans l’exposition permanente provençale, mais l’un d’entre eux est devenu l’emblème du dernier né des grands musées français.

Monument funéraire à l’effigie d’une femme anonyme. 1ère moitié du 2e siècle. Provenance: Palmyre. Haut. 55,5 cm x larg. 44 cm. En calcaire © Musée d’art et d’histoire, photo: B. Jacot-Descombes, 2012, Inv. 012370
Monument funéraire à l’effigie d’une femme anonyme. 1ère moitié du 2e siècle. Provenance: Palmyre. Haut. 55,5 cm x larg. 44 cm. En calcaire
© Musée d’art et d’histoire, photo: B. Jacot-Descombes, 2012, Inv. 012370

Placardée sur la façade du bâtiment, sa photographie figure en première place sur tous les documents promotionnels et s’affichera prochainement dans toutes les gares TGV de France conduisant à Marseille…

* Les cinq pièces majeures prêtées temporairement au MuCEM sont les suivantes:
– Linteau représentant Akhénaton en sphinx (MAH inv. 27804)
– Kythos aux banqueteurs (MAH inv. I 519)
– Amphore représentant la naissance d’Athéna (MAH inv. MF 154)
– Double vase zoomorphe (MAH inv. P 299)
– Tête de matrone âgée en marbre (MAH inv. MF 1341)

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