Lors de son prochain dimanche thématique du 2 février, le Musée d’art et d’histoire propose à ses visiteurs un voyage entre collections permanentes et exposition temporaire, en l’occurrence Héros antiques. La tapisserie flamande face à l’archéologie.
Au MAH, la journée débutera à 11 heures par une visite commentée consacrée aux tapisseries exposées de manière permanente. Le parcours De la prise de Jérusalem à Jean Lurçat entrera en forte résonance avec la manifestation du Rath. Par exemple, l’attaque de la Ville Sainte par les troupes de Titus (en 70 de notre ère) est illustrée aussi bien au MAH qu’au Rath.

signature G. PEEMANS, © Fondation Toms Pauli, photo: C. Bregnard, Lausanne, inv. 29
Par ailleurs, un regard porté sur une magnifique œuvre de Jean Lurçat (1892-1966), Le Poisson Volant, dont les liens avec les tapisseries de la fin du Moyen Âge sont avérés, montrera l’importance de ce domaine au XXe siècle.
L’après-midi, place aux mots! Au MAH, en reflet à l’héroïsation des protagonistes animant les tapisseries du Rath et au nombre considérables d’histoires qui nous y sont narrées en images, Casilda Regueiro offrira des contes autour du thème Héros antiques et dieux de légende.
Au sous-sol du Rath, enfin, le cycle des sept tapisseries consacrées à Constantin le Grand s’offrira comme écrin à une récitation exceptionnelle, donnée par un ensemble de personnalités genevoises qui nous font l’honneur d’avoir répondu avec enthousiasme à notre proposition! Qu’ils en soient chaleureusement remerciés!
Plein feux sur la lecture des Césars de l’empereur Julien, dit l’Apostat
L’empereur Julien (331/332 -363) compose sa satire Les Césars ou le Banquet à Antioche, en 362, lors des Saturnales – ancêtre du Carnaval – durant lesquelles toute raillerie et excès, entre autres verbaux, étaient sinon appréciés, du moins tolérés.
Cette œuvre a été écrite quelques années après la mort de Constantin le Grand (272-337), connu pour avoir promulgué, en 313, l’édit de Milan accordant la liberté de culte à toutes les religions, notamment aux Chrétiens. Dans ce texte, Julien, champion du paganisme, imagine que les dieux de l’Olympe mettent en compétition ses illustres prédécesseurs. Tout en vantant les mérites de l’empereur Marc Aurèle et en critiquant vertement l’œuvre politique – et religieuse – de Constantin, il appelle à la barre Alexandre le Grand, Jules César, Auguste ou encore Trajan, sous les commentaires d’un Silène à l’esprit fort aiguisé.
Extrait
Mercure s’adressant à Constantin: Et toi, Constantin, quelle chose as-tu jugée la plus belle de toutes?
Constantin: D’amasser de grands biens et de les employer, pour assouvir mes propres convoitises, et pour satisfaire celles de mes Amis.
Silène riant à gorge déployée: Mais avec ce beau dessein de te faire Banquier, comment est-ce que tu t’es oublié toi-même, en menant la vie d’un Aide de Cuisine et d’une Coiffeuse? Ta Chevelure et ton Visage le donnaient déjà assez à connaître, et maintenant cette belle Sentence, que tu viens de prononcer, le témoigne suffisamment.
Le texte de Julien a été traduit en français pour la première fois en 1660 par le baron Ezéchiel Spanheim, né à Genève le 7 décembre 1629. Diplomate, notamment ambassadeur du grand-duc de Brandebourg à la cour de Louis XIV, Spanheim était aussi un fin numismate, passionné par la littérature antique. Désireux de mettre cette œuvre à la disposition du plus grand nombre, Spanheim l’a ainsi non seulement traduite dans la langue de Molière, mais l’a aussi expliquée au moyen d’un apparat critique fascinant, agrémenté de nombreuses illustrations monétaires, notamment de portraits impériaux.

Le texte entre donc en complète résonance avec le propos de l’exposition, qui montre le goût prononcé des hommes du Grand Siècle pour l’Antiquité dans les arts figurés. C’est cette version française qu’offriront nos récitants au public.
Récitants
M. Michel Aberson, maître d’enseignement en histoire ancienne à l’Université de Lausanne (Alexandre le Grand)
M. Jean-Pierre Aeschbach, trésorier de l’Association Hellas et Roma (L’empereur Marc-Aurèle)
M. Gabriel Aubert, professeur de droit et de rhétorique à l’Université de Genève (L’empereur Julien)
M. Bertrand Bouvier, professeur honoraire de langue et littérature grecques modernes à l’Université de Genève (L’empereur Trajan)
M. Alexandre Chazaud, enseignant, titulaire d’un Master en histoire antique (Quirinus)
M. Guy Le Comte, historien, ancien président de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève (Bacchus)
M. Gionata Consagra, archéologue, doctorant en archéologie classique à l’Université de Genève (Hercule)
M. Jean-Paul Descoeudres, professeur honoraire d’archéologie classique à l’Université de Genève (L’empereur Auguste)
M. Marc Duret, doctorant en archéologie classique à l’Université de Genève (Jupiter)
Mme Isabelle Graesslé, directrice du Musée international de la Réforme (Mercure)
M. Jean-Quentin Haefliger, mémorant en sciences de l’antiquité (Philotes)
M. Bernard Lescaze, historien, ancien président du Grand conseil (Silène)
Me Alain Marti, avocat au barreau de Genève (Jules César)
M. Timothy Pönitz, étudiant en Master d’archéologie classique à l’Université de Genève (Neptune)
Mme Tamara Saggini, enseignante, doctorante en archéologie classique (Apollon)
M. Jean Terrier, archéologue cantonal (Constantin)
Informations pratiques
Au MAH, à 11h: visite commentée De la prise de Jérusalem à Jean Lurçat
Au MAH, à 14h et 16h: contes Héros antiques et dieux de légende, par Casilda Regueiro, pour les enfants dès 6 ans, accompagnés d’un adulte
Gratuit, sans réservation, dans la limite des places disponibles
Au Rath, à 14h: lecture des Césars de l’empereur Julien, dit l’Apostat
Entrée à l’exposition gratuite (1er dimanche du mois)
Attention: pour la lecture, l’accès au sous-sol du Rath se fera dans la limite des places disponibles. Nous vous conseillons de venir à l’avance.
Une deuxième lecture des Césars de L’empereur Julien aura lieu le mercredi 12 février, au Rath à partir de 20 heures. L’entrée de l’exposition sera ce jour-là payante.