Découverts au Salève, ces bâtons percés en bois de renne, présentés dans la salle d’Archéologie régionale, ont environ 15’000 ans. C’est le matériel lithique – les pierres taillées – découvert alentour qui permet de les dater. La technique de taille évoluant avec le temps, l’étude de ce matériel permet de poser des jalons temporels. Mais si leur âge est connu, ce n’est pas le cas de leur usage! L’interprétation évolue avec l’air du temps.
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, à l’heure où s’éveillent les consciences nationales, ils sont vus comme des bâtons de commandement. Dans les années soixante, on se demande s’ils ne seraient pas des outils destinés à redresser les pointes des sagaies, l’arme des chasseurs composée d’une lame de silex ligaturée sur une hampe. Mais l’archéologie expérimentale des années septante et quatre-vingt aura tôt fait de révéler que c’est parfaitement impossible!
Aujourd’hui, on se penche vers une autre hypothèse. Nos ancêtres du Salève s’abritaient sous des blocs de pierre. Mais, dans la mesure où ils disposaient de peaux de rennes, vivaient dans un climat froid et étaient nomades, sans doute fabriquaient-ils des tentes. Les bâtons percés sont peut-être des sortes de «sardines»!
Idée séduisante qui n’explique pourtant pas les gravures qui ornent les bâtons. Frise végétale, bouquetin galopant… ces représentations, contemporaines des peintures de la grotte de Lascaux, sont les plus anciennes de Suisse.