Danser pour «ressentir» les attitudes des statues antiques

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L’exposition Corps et esprits. Regards croisés sur la Méditerranée montre, parmi d’autres chefs-d’œuvre de l’art antique, le groupe de l’Invitation à la danse composé d’un satyre proposant à une ménade de danser avec lui. La jeune femme délace sa sandale, signalant par ce motif qu’elle accepte la proposition. Comme c’est le plus souvent le cas, ces sculptures nous sont connues grâce à des copies d’époque impériale que les Romains réalisaient à partir du modèle original. En l’occurrence, satyre et ménade présentés dans l’exposition appartiennent à deux copies différentes du même archétype. À noter même que le satyre appartient à la Fondation Gandur pour l’Art et que la ménade est issue de la collection du Musée d’art et d’histoire.

Tête de jeune satyre du groupe « L’Invitation à la danse », Ier s. av. J.-C.- Ier s. ap. J.-C., © FGA, inv. FGA-ARCH-RA-106 et Jeune fille du groupe de « L’Invitation à la danse », premier quart du IIe s. ap. J.-C., © MAH, inv. 19026

La description de l’attitude du corps par l’imitation

La sculpture de L’invitation à la danse, par son sujet et par le fait qu’elle est présentée au milieu de sculptures aux poses riches, variées et parfois complexes, a suscité une question: comment décrire au mieux l’attitude d’un corps sculpté, en particulier quand il est représenté dans un mouvement? Par une description orale? Par la lecture, pour soi-même, d’un texte? C’est possible. Et faire adopter par son propre corps la posture recherchée, n’est-ce pas la manière la plus pertinente et la plus directe de saisir complètement toute position, si compliquée soit-elle?

C’est sur cette proposition qu’a réfléchi Lucy Nightingale, enseignante de danse à de jeunes adultes au Conservatoire Populaire de Genève. Parallèlement, la chorégraphe et danseuse travaille avec des aveugles et des malvoyants, rejoignant en cela certains projets du Musée d’art et d’histoire qui propose des activités, depuis quelques années, à des publics en situation de handicap – notamment à des personnes vivant avec un déficit visuel. Des projets qui intègrent toujours la participation, dès leur conception, des personnes concernées; des projets qui se veulent enrichissants pour tous, avec ou sans déficit sensoriel. Ce dernier aspect répond à la volonté de l’institution de faire se rencontrer les différents publics.

En se basant sur ces intérêts partagés, Lucy Nightingale a imaginé une performance participative durant laquelle la vue ne serait pas sollicitée. Aveugles, malvoyants et voyants aux yeux fermés se mêleront dans une proposition où les attitudes des sculptures de l’exposition seront «corporellement» reproduites ou, du moins, évoquées par tous. Schématisme, naturalisme, hiératisme – termes si chers aux historiens d’art – seront ainsi incarnés par les danseurs, de même que les attitudes figées et les diverses énergies contenues par le marbre à travers les siècles. Une performance à vivre plutôt qu’à voir!

Répétition en vue de la performance dans la salle de l’AMAM, © MAH, photo: D. Matthey

Danseur d’un jour, danseur de toujours, rejoignez-nous!

Lors d’une ouverture exceptionnelle le 27 février, la pièce sera donnée à 18h30 et à 19h30, dans la salle Étienne Duval, dite «salle de l’AMAM», qui fait face aux espaces accueillant la l’exposition temporaire. La participation à la performance est ouverte à toute personne – dans la limite des places disponibles! – désirant découvrir les postures d’un corps sans solliciter sa vue, danseurs confirmés comme parfaitement débutants.

Cette performance se déroulera après une découverte descriptive de l’exposition Corps et esprits, proposée à 17h30.

Enfin, pour ceux qui souhaiteraient aborder d’une autre manière la question de la malvoyance, ils peuvent, en préalable, participer à la conférence-atelier «décod’image»: Voir autrement avec les personnes malvoyantes, qui se tiendra le jeudi 13 février à la Fondation images et société, dès 19h.

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