Depuis le XIXe siècle, les usages de conservation ont été de démonter montres et pendules afin de stocker séparément leurs différents composants. Citons le parlant exemple des horloges de parquet: les hauts cabinets de bois étaient désassemblés (la tête conservée ici, le corps plus loin) et les mouvements en étaient extraits afin d’être rangés séparément; les lourds poids étaient décrochés et remisés au sol; les balanciers, eu égard à leur format longiligne, regroupés en un énième lieu de conservation. Ces différentes entités d’un même item n’étaient pas systématiquement étiquetées et, avec le temps, ont fini par perdre leur identité.
De plus, dans le cadre d’expositions, des mouvements de pendules étaient parfois partiellement démontés, le cadran déposé et les portes de protection latérales ôtées pour faciliter la vue des rouages internes. Malheureusement, si l’on démontait beaucoup, on ne remontait pas toujours… ni ne documentait ces gestes!
Enfin, les nombreux transferts subis par les œuvres depuis plus de 150 ans ont généré un grand nombre de pertes: un morceau de moulure en bois décollé, une décoration faîtière en plâtre doré esseulée, un élément en bronze fondu retrouvé au pied d’une horloge, un clou ouvragé détaché, etc.
Un puzzle géant
Rassemblées dernièrement, ces pièces détachées ont fait l’objet de longues tentatives de recoupement: il s’agissait de passer en revue plus de 800 pendules pour repérer un éventuel manque et déterminer si une des pièces pouvait le combler… Un puzzle géant!
Nous achevons ces jours la grande campagne de réattribution de ces éléments épars, qu’ils aient été volontairement démontés ou accidentellement perdus. Ce chantier a été l’occasion de (re)découvertes majeures sur divers plans: provenance des collections, attribution à un auteur, une école, datation, modification de la dénomination, de l’intérêt technique ou historique, etc.
La presque totalité des œuvres concernées a retrouvé son intégrité et se trouve ainsi revalorisée.