PROJET ARCHITECTURAL

À l’issue d’un concours international de projets d’architecture conduit par la Ville de Genève entre mars 2024 et mai 2025, le projet UMWELT, des bureaux genevois Cabinet Fanny Noël Diogo Lopes Architectes, Atelier Plum (architecte-paysagiste) et AFRY Suisse SA (ingénieur civil), a été désigné lauréat à l’unanimité du jury. Ce projet marque une étape décisive dans l’histoire du MAH, en repensant son inscription urbaine, son rapport à la ville, les usages de ses espaces et son environnement paysager.

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UMWELT

Le projet repose sur une idée forte : faire du MAH non plus un bâtiment isolé, mais un milieu ouvert, à la fois institution culturelle, espace public et cadre de vie. L’ensemble du dispositif architectural vise à créer une porosité entre l’intérieur et l’extérieur, entre culture et quotidien, entre patrimoine et ville contemporaine.

Les intentions structurantes :

  • Multiplier les connexions physiques et visuelles avec la ville
  • Rendre le musée perméable à ses abords, aux passants, aux habitants
  • Privilégier l’existant (projet peu interventionniste)
  • Connecter le musée avec la ville basse (parvis végétal jusqu’à l’entrée du musée, avec accès pour personnes à mobilité réduite)
  • Projet paysager désenclavant l’îlot MAH

Le projet en quelques images

Projet Umwelt_Vue depuis Rive

01/07

 

Projet Umwelt_Vue depuis le bvd Dalcroze

02/07

 

Projet Umwelt_Casemates

03/07

 

Projet Umwelt_vue de la façade principale

04/07

 

Projet Umwelt_Foyer

05/07

 

Projet Umwelt_Cour des Casemates

06/07

 

Projet Umwelt_Toiture

07/07

 

Interventions architecturales

Loin d’une tabula rasa, le projet adopte une posture respectueuse et exigeante à l’égard du bâti existant. Il reconnaît dans les constructions du Musée d’art et d’histoire une qualité architecturale et des espaces suffisants pour accueillir les usages contemporains, sans recourir à des démolitions ni à des extensions, toute en incluant les bâtiments du lot voisin (Pin 1-3-5 / anciennes écoles des Casemates et des Beaux-arts.

Une stratégie de continuité

Le projet conserve l'intégralité du bâtiment historique du MAH et des bâtiments voisins, en y apportant des adaptations ponctuelles et précises :

  • Mise aux normes techniques et amélioration thermique de l’enveloppe (ventilation, isolation biosourcée, double vitrage sous vide)
  • Création de nouvelles porosités, élargissement discret des ouvertures, insertion d’escaliers et d’ascenseurs permettant un accès universel, sans altération du langage architectural
  • Réhabilitation des façades maçonnées, des arcades du cloître et des galeries historiques dans une logique de restauration active

L’intervention repose sur la réutilisation des structures déjà en place. Elle met en valeur les éléments patrimoniaux existants, comme les casemates historiques du boulevard Émile-Jaques-Dalcroze.

  • Un accès universel est proposé à côté de l’entrée historique
  • La cour arrière (cour des Casemates) devient accessible via un foyer public connecté au bâtiment principal
  • Le cloître de la cour du musée devient ainsi un lieu d’accueil vers lequel convergent tous les accès

Deux éléments font exception à ce principe général d’utilisation de l’existant. Le premier consiste en une salle de conférence semi-enterrée, accessible indépendamment des heures d'ouverture du musée (tout comme le sera le restaurant). Le second concerne le déploiement d’une cour de livraison proposée en extension afin de de résoudre les problématiques de circulation des œuvres auxquelles est confronté aujourd’hui le MAH.

Organisation intérieure : fluidité des parcours, diversité des ambiances

L’aménagement intérieur du futur MAH offrira une expérience de visite fluide, libre et plurielle, à l’image d’un musée habité, traversé et appropriable.

Le projet déploie un parcours continu, à la fois horizontale et verticale, permettant de relier tous les pôles du musée sans jamais se heurter à une impasse. Du passage Burlamachi jusqu’à la galerie d’Escarpe, des toitures accessibles aux salles en sous-sol, les parcours sont multiples, non hiérarchisés, ouverts à la déambulation, à l’improvisation, à la surprise.

Chaque passage, chaque changement d’espace a été pensé pour offrir des pauses, des ambiances variées : une alcôve pour lire, un palier pour admirer le jardin, un salon pour travailler, une terrasse pour s’aérer. Ces petits moments apportent au musée une atmosphère intime, presque familière.

Parmi les points d’ancrage de cette nouvelle organisation, deux éléments marquent l’identité du projet :

  • La toiture-terrasse, pensée comme un belvédère vivant, devient un véritable lieu de convivialité. Avec sa vue sur la cathédrale Saint-Pierre et les toits de Genève, elle offre un cadre apaisant, agrémenté d’un jardin léger et de quelques bancs
  • Le tiers-lieu, placé au cœur du MAH, relie les activités du musée à celles de la vie quotidienne. Espace ouvert et décloisonné, il favorise les rencontres, le travail informel ou la détente, et fait du musée un lieu culturel vivant, ouvert à tous

À cette structure s’ajoute une grande diversité d’espaces d’exposition. Le projet ne cherche en effet pas l’uniformité : il revendique la coexistence de typologies distinctes, qui permettent d’accueillir aussi bien des œuvres classiques que des installations contemporaines.
Salles sous charpente, galeries zénithales, casemates réhabilitées, period rooms restaurées… Chaque exposition pourra adapter l’espace à la nature des œuvres et au récit qu’elle souhaite déployer.

Un musée outil : technique, durable, réversible

Le projet redéfinit en profondeur les conditions de travail et de fonctionnement du musée, dans une logique de souplesse, de durabilité et de performance.

Les espaces les plus nobles, notamment dans le bâtiment Galland, sont exclusivement réservés à l’accueil du public et aux expositions. A l’inverse, les fonctions logistiques, comme les ateliers, les réserves ou le traitement des œuvres, sont installées dans des zones périphériques, reliées grâce à un réseau interne efficace.

Un nouveau quai de déchargement, situé le long du boulevard Helvétique (partiellement enterré), permet une gestion fluide des entrées et sorties d’œuvres, en lien direct avec des galeries techniques souterraines.

Un projet paysager au service de l’environnement et des usages

La transformation du musée s’accompagne d’une recomposition paysagère ambitieuse, qui s’inscrit dans une stratégie de désimperméabilisation, de lutte contre les îlots de chaleur et de renaturation de la Ville.

Les grands principes :

  • Volonté de maintenir les arbres existants
  • Densifier la végétation dans le périmètre afin de renforcer la canopée avec l’objectif de la tripler
  • Unifier les poches végétales existantes en un système cohérent et hiérarchisé

Quatre interventions majeures :

  • Cour du musée: confirmée dans sa vocation d’espace de convivialité et de programmation culturelle
  • Cour des Casemates et passage Burlamachi : développement d’un nouveau jardin envisagé comme un jardin productif (arbres fruitiers, lieux d’expérimentation)
  • Promenade de l’Observatoire : végétalisation dense et renforcement de la ceinture verte
  • Boulevard Émile-Jaques-Dalcroze : alignement arboré avec essences locales

Bénéfices :

Création de nouveaux usages sur le parvis végétal (devant l'entrée du MAH) : pique-nique, événements, expositions extérieures, zones de repos etc.

Connecter le musée à la ville : stratégie urbaine

Le projet urbain transforme le MAH en carrefour métropolitain, au croisement de la Vieille-Ville, de la plaine de Plainpalais et du quartier de Rive.

Nouvelles connexions

  • Le boulevard Émile-Jaques-Dalcroze est aménagé en un axe piéton végétalisé, apaisé, reliant la promenade du Pin au centre-ville
  • Les espaces de transition autour de la façade principale sont requalifiés en parvis ouverts, lisibles et accessibles
  • Les flux piétons sont fluidifiés depuis la place Ferdinand-Hodler, avec des rampes douces et des continuités visuelles jusqu’à la promenade du Pin

Vers une mobilité douce

La projet propose une réduction progressive du trafic motorisé, renforçant les logiques de mobilité douce autour du musée.