Curatrice en résidence 2025/2026

Un jeudi par mois

Le MAH invite un curateur ou une curatrice en résidence à développer une programmation originale un jeudi par mois, de septembre à juin. Pour cette troisième édition, intitulée First impressions, la curatrice Jade Meili Barget explore les chorégraphies par lesquelles l’image et ses infrastructures techniques captent notre attention. Elle propose des performances qui interrogent le regard et expérimentent un présent sans hors-champ.

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First impressions

Avec ce programme, Jade Meili Barget, propose une série de performances qui s'intéressent à ce qui opère sous la surface visuelle des images: les dynamiques attentionnelles, les infrastructures algorithmiques, les mécanismes de captation et de circulation de l’information. Autant de systèmes invisibles qui orientent nos perceptions, conditionnent nos interactions, et influencent nos croyances. En résonance avec des techniques anciennes de production d’images conservées au MAH, comme les sceaux ou les matrices anciennes en bois gravé, datant des XVIᵉ au XVIIIᵉ siècles, ce cycle met en dialogue les formes d’images d’hier et celles d’aujourd’hui, dans leur capacité commune à modéliser la vision et à produire du pouvoir.

Femme assise sur une chaise

Jade Meili Barget s'intéresse aux façons dont les technologies sculptent le réel, et à ce que nous devenons dans ces mondes en constante émergence. Elle est curatrice du programme live de la Bergen Kunsthall. En 2024, elle a été co-curatrice de la 15ᵉ Biennale de Gwangju. De 2021 à 2024, elle a fait partie de l’équipe curatoriale de transmediale, un festival berlinois dédié aux mutations culturelles et sociales amenées par les nouvelles technologies.
En tant que curatrice indépendante, elle développe actuellement deux projets: The well tempered, autour des imaginaires de la modification climatique, et Fatal & Fallen, un programme de films et lectures sur la vengeance dans les médias et récits populaires.

Informations pratiques

Prix libre, sur réservation. Ouverture de la billetterie deux semaines avant la date.

billetterie

Programme

Femme dansant dans une salle

16.10.2025

Performance, à 20h

Correspondances est une nouvelle performance de Mira Mann qui s’inspire de la pionnière de la danse moderne nord-coréenne Choi Seung Hee (1911–1969), considérée comme la première danseuse coréenne à mener une carrière internationale. Mira Mann revisite la façon dont l'œuvre de Choi Seung Hee s’est tissée dans l’emprunt aux traditions folkloriques inter-asiatiques, mettant en avant la recherche de points d’ancrages sur le continent, à l’heure où celui-ci était remodelée par les puissances impériales. Dans cette lecture, Mira révèle aussi le folklore comme possible refuge du queer et du détournement des genres. Si Correspondance récupère l’Asie et le folklore comme méthode, la performance en révèle aussi le double tranchant: cette approche fut aussi un outil d’adaptation et de survie, une manière pour Choi Seung Hee de se faufiler entre les mailles d’une industrie exotisante, en rejouant, et parfois déjouant, les projections coloniale.

Conçue en dialogue à trois voix avec la performeuse Paula Pau et le batteur Domi Chansorn, Correspondances reprend une chorégraphie de Choi nourrie par la tradition martiale de la danse du couteau et de l’éventail. Cet élément - l’éventail - se déploie dans la pièce au-delà de la citation chorégraphique, à travers une présentation d’éventails révolutionnaires du XVIIIe siècle issus de la collection du Musée d’art et d’histoire. Devenus panorama portatif, ces éventails se présentent ici comme support d’expression politique et instruments de dévoilement, autrement dit, des mises en scène du soi.

Né·e en Allemagne, Mira Mann vit et travaille entre Paris et Düsseldorf. Alliant performance, image en mouvement, scénographie et objets, le travail de l'artiste explore les notions d’hybridité, de représentation et de mémoire. Mann s’interroge sur les processus de canonisation et d’instrumentalisation des récits historiques, ainsi que sur leur potentiel de réappropriation. Cette réflexion se développe à travers une exploration de la construction et de la déconstruction du soi, une mise en tension entre objet et sujet, ainsi qu’une perturbation des rapports de pouvoir liés à la race, à la classe et au genre, notamment par le biais du jeu et de l’appropriation.

Fichier vide

16.10.25 - 30.06.26

Florence Jung s’immisce dans First Impressions à travers trois scénarios qui se déploient au fil de l’année, dans et au-delà du musée.

À l’intérieur, pendant douze mois, psychostimulants et antidouleurs sont mis à disposition du public. À l’extérieur, de l’été 2025 à l’été 2026, la pluie tombe sans fin devant la fenêtre d’une ancienne banque privée à Bâle. Ni vraiment à l'intérieur, ni vraiment à l'extérieur, un élément apparaît un jeudi par mois sans être nommé.

Comme le dit l’artiste, tout est réel.

Florence Jung crée des situations basées sur des scripts, qu’elle appelle des scénarios. En l’absence de preuves tangibles, ces scénarios circulent à travers les récits personnels, évolutifs et parfois contradictoires des spectateurs et des témoins. Pourtant, rien de tout cela n’est fictif — chaque scénario est réel.
Son travail a été présenté dans de nombreuses institutions internationales, telles que le Palais de Tokyo (Paris), Kunsthalle Basel, Gasworks (Londres), Portikus (Francfort), le Kunsthaus Zürich, le Museum Tinguely (Bâle), le Frac Lorraine (Metz), ou encore le Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg. Elle a participé à plusieurs biennales, dont celles d’Athènes, de l’Oural et de Stavanger. Florence Jung a reçu le Swiss Art Award, le Swiss Performance Award, le Prix Georg et Josi Guggenheim, ainsi que le Prix de la Fondation Aeschlimann Corti.

Vue sur le ciel avec nuages blancs et branches d'arbres

27.11.2025

Performance audiovisuelle, à 19h

Les relations entre l’image, la guerre et le deuil orientent cette lecture collective menée par les artistes Fabian Saul, Thuy-Han Nguyen-Chi et Andrew Yong Hoon Lee, accompagnés par la curatrice Jade Meili Barget. Intitulée The sanguineous surge in the belly of the sky, cette lecture est fondée sur un système d’enquête poétique élaboré conjointement en 2022, se déployant comme un paysage de textes, de sons et d’images en mouvement: un terrain exploratoire à travers lequel ces relations sont examinées et mises en question.

Cet événement s’inscrit dans un cycle en trois volets qui se tient également au Harvard Film Archive et au Migros Museum für Gegenwartskunst, en partenariat avec Zürich liest 2025.

Fabian Saul est auteur, compositeur et musicien. Ses compositions prennent des formes variées, notamment les séries audio Schlechte Wörter et Stoff aus Luft. Il est également rédacteur en chef de Flaneur, un magazine qui consacre chaque numéro à une seule rue dans le monde. Son roman le plus récent, Die Trauer der Tangente, a été publié en 2024 chez Matthes & Seitz. Son travail a été salué par de nombreuses distinctions, dont la Médaille Alfred Döblin, la bourse de la Fondation Roger Willemsen, et la bourse Harald Gerlach.

Thuy-Han Nguyen-Chi est une artiste dont la pratique se déploie à travers le film, la sculpture, l’installation, la performance et la recherche interdisciplinaire. En collaboration avec des personnages en quête de conscience, de langage et de liberté, ses œuvres récentes explorent les potentialités esthétiques, politiques et épistémologiques de l’image et du son. Son travail a été présenté dans des contextes artistiques et cinématographiques, notamment au Hamburger Bahnhof (Berlin), à la Villa Médicis (Rome), à la Whitechapel Gallery (Londres), au Copenhagen International Documentary Festival, au New York Film Festival et au Singapore International Film Festival. Parmi ses prochaines expositions figurent le Carpenter Center à l’Université Harvard (Cambridge), l’Experimental Media and Performing Arts Center (New York) et la Biennale internationale d’art contemporain de Göteborg. En 2023, Nguyen-Chi a reçu la Lola d’or ainsi que le Grand Prix du Jury pour son film Into The Violet Belly. Elle est actuellement chercheuse doctorante à l’Université de Westminster.

Andrew Yong Hoon Lee est un artiste multidisciplinaire, musicien et compositeur. Travaillant souvent de manière collaborative, son travail prend la forme d’installations où les relations entre les médias génèrent des intensités affectives d’expériences sensorielles, explorant les possibilités poétiques, politiques et philosophiques de la lumière, de l’espace et du son. Lee a présenté des œuvres, des textes, des conférences, des compositions et des performances dans de nombreuses présentations internationales. En tant que musicien, compositeur et interprète, Lee a publié plusieurs enregistrements, composé des musiques pour des longs métrages et des documentaires, et effectué de nombreuses tournées aux États-Unis, au Canada et en Europe occidentale.

Deux hommes jouant à la guitare

04.12.2025

Performance, à 19h

Poser est un groupe de musique qui n’existe pas. Recréé pour chaque performance, il constitue le projet au long cours de l’artiste Reece Cox, qui explore la performativité et l’authenticité dans notre économie culturelle. Conçue comme une image, chaque performance est pensée autant pour les caméras du public que pour les spectateurs présents physiquement dans le musée.

Pour cette itération intitulée POSER: BAKERSFIELD, Cox s’inspire de la musique country et de ses histoires perdues, effacées au fil de la circulation du genre à travers les médias, les impératifs commerciaux de l’industrie du disque, et les agendas politiques.

Reece Cox est un artiste, musicien et écrivain basé à Berlin. Son projet Poser est un groupe de musique fictif sans membres fixes. Ces dernières années, Poser s’est produit, entre autres, à Sara’s (New York), au KW, et au Roter Salon der Volksbühne. En dehors de Poser, Cox a réalisé des performances et des expositions, en solo ou en collaboration, notamment à Magenta Plains (New York), à la Neue Galerie Gladbeck (Gladbeck), à House (Berlin), à September Sessions (Stockholm), chez Shahin Zarinbal (Berlin), à Sara’s (New York), chez Gisela Capitain (Cologne), entre autres.

Etiquette du MAH

Layout

Système d'exploitation

Pour First Impressions, Atmospheric Solutions a créé un système d'exploitation intitulé Layout en collaboration avec la graphiste Minami Shimakage. Ce système est composé d’une interface web poétique en évolution constante, d’invitations distribuées lors des performances, ainsi qu’un objet destiné à intégrer les archives du musée. Jouant sur l'homonymie du mot layout – à la fois la disposition graphique de l’information dans un espace donné, et la tradition de la préparation d’un corps pour l’enterrement – le projet interroge les architectures à travers lesquelles les images deviennent visibles, lisibles, et les conditions dans lesquelles elles commencent à se désintégrer. S’inspirant du musée comme interface d’organisation de la mémoire, Layout explore les protocoles de préservation, d’exposition et d’obsolescence.

À l’ère de l’indexation algorithmique et de la visibilité automatisée, cette contribution questionne la manière dont les systèmes de préservation pourraient être imaginés en un temps de flux infini et d’actes tactiques d’oubli. Que signifie préparer une image – ou un système – à l’enterrement? Quels rituels avons-nous, ou manquons-nous, pour la fin de vie de l’information?

Atmospheric Solutions est une performance durationnelle qui détourne les codes de la communication corporate néolibérale. Elle explore les formes d’intervention performative dans une société saturée par les récits de l’efficacité, de l’innovation et du branding. Atmospheric Solutions a développé des interventions performatives –solutions– pour le 21st Century Museum of Contemporary Art (Kanazawa), Western Front (Vancouver), The Well Tempered (Paris/Berlin), la Paris Fashion Week (Paris) et KW Institute for Contemporary Art (Berlin).

Pour cette édition, Atmospheric Solutions est composé de Nile Koetting et Minami Shimakage. Minami Shimakage est graphiste, spécialisée en communication visuelle et en projets éditoriaux. Après des études et une expérience en studio à Tokyo, elle s’est installée à Berlin en 2017, où elle poursuit une pratique du design pluridisciplinaire. Nile Koetting développe une pratique artistique à travers divers formats: installation, lumière, performance, scénographie et son. Ses projets interrogent de nouvelles perceptions de la dramaturgie dans une atmosphère biodiverse, faite de temps et d’espace performatifs. Son travail a été présenté notamment au CAM – Centro de Arte Moderna, au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou x Westbund Museum, à Tai Kwun Contemporary, à la Fondation Hermès Tokyo, à Somerset House, au Kunstverein Göttingen, à la Biennale de Moscou, au ZKM Karlsruhe, au Hebbel Am Ufer Theater, à Western Front, au Mori Art Museum et au Kunstverein Hannover.