La représentation de l’Arrestation du Christ relève d’un tour de force, puisqu’elle est composée de deux groupes de personnages concentrés sur le petit médaillon. Entre deux arbres, signifiant le jardin des Oliviers, deux évènements funestes sont réunis : d’un côté, Judas, revêtu d’un manteau brun, embrasse le Christ, de l’autre, Simon Pierre rengaine son épée après avoir coupé l’oreille à Malchus, envoyé pour arrêter Jésus. L’orfèvre-émailleur a gravé et ciselé le dessin sur la plaque d’argent pour former un léger relief (sans cloisonnements) et effectué le tracé des visages, des chevelures et des drapés avec une extrême précision. Suivant la pratique usuelle, il a ensuite apposé une très fine feuille d’argent sur la plaque, avant de recouvrir le tout d’émaux colorés. La pose a dû se faire en plusieurs étapes avec des cuissons intermédiaires. L’artiste a recherché des effets variés en broyant les pigments plus ou moins finement : la teinte de l’émail translucide est ainsi très uniforme (le bleu) ou légèrement tachetée (le brun). La dernière opération a consisté à dorer au feu le bord de la plaque. Bien conservé malgré la perte des émaux sur les troncs des arbres, ce médaillon se distingue ainsi par sa composition complexe et la qualité de son exécution. La composition recherchée, voire sophistiquée, et le dessin formant des lignes ondoyantes, notamment dans les drapés, sont caractéristiques du style international, qui se répand dans toute l’Europe dès la fin du XIVe siècle. Il semble d’ailleurs que l’orfèvre a pris modèle sur des enluminures exécutées par un atelier franco-flamand établi à Paris.