Ce fauteuil Renaissance faisait partie du mobilier qui ornait à Vienne la Villa Duschnitz, du nom de son propriétaire, Willibald Duschnitz (1884-1976). Fils d'Adolf Duschnitz, industriel en textile d'origine hongroise, Willibald était un collectionneur au goût éclectique - dont la prédilection allait à la peinture hollandaise et flamande des XVIe et XVIIe siècles, au mobilier et la sculpture de la fin du Moyen Age et de la Renaissance, ainsi qu'aux antiquités classiques. Grâce aux fruits de l'entreprise familiale dont il reprit les rennes et qu'il fit prospérer, il amassa un grand nombre de pièces qui avaient pour écrin cette demeure conçue en 1915-1916 par le pionnier de l'architecture moderne, Adolf Loos. Alors qu'Hitler marchait sur Vienne en mars 1938, le fameux expert en art, Dr Gustav Glück, achevait d'écrire un catalogue raisonné des œuvres de la collection Duschnitz. Toute trace de ce catalogue fut détruite pour empêcher, autant que faire ce peut, les nazis de mettre la main sur la totalité des œuvres. Duschnitz tenta stratégiquement de mettre à l'abri sa collection, mais au final ses œuvres, pour la plupart disséminées, furent perdues. Après s'être enfui dans le sud de la France, il apprit que son homme de confiance l'avait trahi, occasionnant ainsi la perte de plus de la moitié de sa collection d'art. Obligé de fuir à nouveau après la chute de la France en mai 1940, il se réfugia au Brésil. Il put reconstruire sa vie et recouvrir un nombre de ses possessions. Vers la fin de sa vie, il parraina la création du splendide musée Eva Klabin à Rio de Janeiro. Il mourut en 1976.