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Recherche documentation cartel

Balthasar Burkhard (Berne, 1944)
Dans le parcours d'une carrière qui l'a mené à participer aux grandes manifestations internationales d'art contemporain - de la Documenta de Kassel à la Biennale de Venise - et lui a offert des expositions personnelles dans nombre de musées et de galeries, Balthasar Burkhard a noué avec Genève des liens durables. En 1984, il créait, avec Niele Toroni, une impressionnante installation au Musée Rath, dont les oeuvres ont été acquises en copropriété par l'Association pour la création d'un musée d'art moderne (AMAM) ; il était présent à nouveau au Musée Rath à la faveur du Prix de la Banque hypothécaire de Genève ; enfin, en 1997, le même Musée Rath lui consacrait une exposition rétrospective sous le titre "Eloge de l'ombre".
A l'occasion, notamment, de ces diverses expositions, le Musée d'art et d'histoire a pu acquérir régulièrement des oeuvres capitales qui constituent aujourd'hui l'un des fonds de cet artiste parmi les plus importants de Suisse. En accord avec la politique d'acquisition définie par le Musée (1) et la qualité du travail de Balthasar Burkhard, le Département des beaux-arts s'emploie à constituer une collection d'oeuvres de cet artiste qui soit représentative des grandes étapes du développement de sa démarche.
C'est en 2001 que Balthasar Burkhard entreprend une série de photographies de paysages dans le Chlönthal, dans le canton de Glaris, poursuivant ainsi une investigation des différents « sujets de paysages», menée depuis le début de sa carrière mais orientée, à partir de 1998, vers de nouvelles séries thématiques spécifiques. Se sont ainsi succédé les grandes prises de vues « topographiques » des mégalopoles, saisies depuis un hélicoptère, les déserts et, plus récemment, les forêts pluviales. La suite de travaux inspirés par le Chlönthal témoigne d'une perception différente du sujet: à l'approche structurelle du paysage s'est substituée apparemment une attention à la prolifération «désordonnée» de la nature.
Cependant, dans ce regard d'une extrême acuité, l'oeil du photographe reconstruit une articulation de l'espace par les moyens mêmes de son art. Jouant sur les proches et les lointains, Balthasar Burkhard allie aux possibilités qu'offre le cadrage le travail sur la lumière dont il est coutumier. Sa maîtrise de la prise de vue est ensuite exaltée par la monumentalité des formats, sa sensualité, par le tirage qui offre un grain d'une subtilité telle qu'il endevient tactile.
Chlönthal (2), le triptyque nouvellement acquis (fig. 3), d'une force extraordinaire, est construit sur l'opposition du premier plan rapproché - le tronc et les branches tentaculaires, presque anthropomorphes, d'un vieil arbre, silhouette sombre prise à mi-hauteur en contre-jour, qui ouvre, au lieu d'occulter, la vision - et la vallée boisée tout illuminée de soleil.
L'espace que découvre l'armature de l'arbre est structuré par une suite de plans répondant à des hauteurs et des profondeurs de vision différentes. À gauche, plan lointain en contreplongée ; au centre, plan à hauteur de regard mais raccourci par le flanc de la colline ; à droite, plan rapproché des frondaisons de l'arbre qui, dans la proximité de l'arbre noir, le frôlant presque de son feuillage, l'inscrit à l'intérieur du paysage comme un élément constitutif, atténuant ainsi son rôle premier d'observateur extérieur, de mesure et de point de regard. La subtilité du cadrage et la complexité de l'espace qu'il décrit mettent Balthasar Burkhard, une fois encore, au nombre des artistes les plus exigeants quant à la rigueur du concept et des moyens plastiques qui président à la construction d'une image, quels que
soient la pratique, l'expression, le genre ou le sujet au travers desquels il s'exprime.



1. Compléter et renforcer les fonds importants existants
2. Balthasar Burkhard (Berne, 1944), Chlönthal, triptyque, 2001 | Photographie en noir et blanc, contrecollée sur aluminium, cadres en métal et verre, 228 x 300 cm (228 x 100 cm chaque élément), tirage à sept exemplaires (inv. BA 2003-8 ; achat)

Claude Ritschard, Enrichissements des collections du département des beaux-arts en 2003
peinture er sculpture, 2004, Genava, tome 52, P346-347
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L'enrichissement de la collection avec un premier triptyque de Balthasar Burkhard, "Aile", de 1989, allait initier une politique d'acquisition régulière des oeuvres de cet artiste, maître absolu de la photographie
en noir et blanc, suivant le développement de ses thèmes. Dans la dernière acquisition, "Chlönthal", Burkhard aborde le paysage en jouant sur les proches et les lointains; au travail sur la lumière dont il est coutumier, il ajoute celui sur l'espace que lui offre le cadrage où l'ombre dense du tronc lui dicte la monumentalité du format, accentuant délibérément le clair-obscur qui lui permet de
capter la texture la plus fine de la poussière de la lumière et du grain de la matière.

Claude Ritschard, "La collection du XXe siècle", in Menz, Cäsar, "Musée d'art et d'histoire de Genève", Genève : Fondation BNP Paribas Suisse ; Zurich : Institut suisse pour l'étude de l'art, 2008, p 126