La variété du monde animal et végétal est le sujet de prédilection du Genevois Robert Hainard (1906-1999). Artiste avant tout, ce dernier fut aussi un homme de terrain, intellectuel et précurseur d’un regard critique sur le rapport entre l’homme et son environnement.

Fils ainé de Philippe Hainard (1879-1938) et d’Eugénie Hainard-Béchard (1882-1942), tous les deux peintres et professeurs de dessin et de modelage, Robert s’essaye dès son plus jeune âge au dessin d’après nature. Plus tard, attiré par le travail manuel, il intègre l'École des Arts industriels de Genève où il apprend la sculpture sur bois, puis sur pierre. C’est dans la bibliothèque de l’école qu’il découvre et feuillette des albums d’estampes japonaises. La vision de ces planches, où la nature occupe une place très importante, est pour Robert une révélation. Il se tourne alors vers la xylographie qui lui permet de rester fidèle au travail manuel du façonnage des matrices en bois tout en traduisant sur papier les modulations de son regard sensoriel.

Pour se rapprocher de son sujet, Robert sillonne l’Europe et participe même à une expédition en Afrique. Mais c’est surtout dans la campagne genevoise et le Valais qu’il part en quête de faune et de flore. Dans ses quelque 30’000 croquis, réalisés pendant ses excursions, il détaille fleurs et plantes et capture la vie sauvage. Comme il le décrit dans Entretien sur la gravure, le travail d'observation est «[…] une véritable participation physique» qui demande de ressentir le mouvement, de s’imprégner de l’atmosphère. Ces observations sont traduites ensuite par la main de l’artiste sur des feuilles vibrantes de tension entre réalisme descriptif et lyrisme.

Récemment inventorié, un fonds d’environ 200 xylographies d’Hainard est conservé au Cabinet d’arts graphiques du MAH. Laissez-vous inspirer par ces feuilles et par le paysage qui vous entoure: à vos calepins et, pour reprendre le titre d'un ouvrage de l'artiste, bonne «chasse au crayon»!