Du volet de La Pêche miraculeuse de Konrad Witz aux derniers tableaux de Ferdinand Hodler, le Léman tient la vedette de la collection beaux-arts du MAH.
Commençons par le plus célèbre: le retable de la cathédrale Saint-Pierre. Konrad Witz s’en était vu confié la réalisation par François de Metz, rencontré au Concile de Bâle et tout juste nommé cardinal de Genève par Félix V, alias Amédée VIII de Savoie. Une commande politique donc, en hommage au souverain pontife savoyard. Le volet de La Pêche miraculeuse transpose ainsi des scènes bibliques du lac de Génésareth au Léman et ce paysage, le premier topographiquement correct dans la peinture occidentale, montre les états bien administrés du duché de Savoie. S'ajoute à cela la qualité artistique de cette représentation du lac, vu de Sécheron, qui prête une attention particulière au rendu de la transparence des eaux et à la réfraction de la lumière.
Witz est le premier artiste de passage à s’être essayé à saisir le Léman. Gustave Courbet, réfugié à la Tour-de-Peilz après les événements de la Commune, peint le lac comme autrefois la mer en Normandie, et invente une iconographie du Château de Chillon. Camille Corot, fasciné par les bleus du paysage, vient les capturer en compagnie de son ami Barthélémy Menn.
Du côté des Genevois, l’inspiration se révèle illimitée. François Diday représente par exemple un Léman dans la tourmente, sous des cieux sublimes et des éclairages dramatiques. Son élève, puis rival, Alexandre Calame poursuit cette tradition de vues d’un lac tantôt miroir lisse respirant de quiétude, tantôt déchaîné. Cette approche presque mystique du paysage se retrouve chez Ferdinand Hodler, qui profite de la plus belle vue de Genève depuis son appartement du quai du Mont-Blanc. Les dernières semaines de sa vie, celle-ci devient son unique sujet d’expérimentation: il abolit la perspective, abandonne presque totalement les formes au profit d’une utilisation rythmique de la couleur. Alexandre Perrier, lui, livre des paysages contemplatifs à la touche vibrante et aux tons lavés. Le lac symbolise et incarne la sérénité, titre donné à certaines représentations.
Enfin, le Léman peut même se faire attribut. Sous le pinceau du néoclassique Jean-Pierre Saint-Ours, on le retrouve à l’arrière-plan du portrait du fabricant d’indiennes Jean-Étienne Petit. Une industrie qui ne serait rien sans les eaux au bord desquelles elle est implantée!
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