Présent depuis l’Antiquité, l’éventail prend son essor comme accessoire de mode et sujet iconographique à partir du XVIe siècle.
Trois types d’éventails sont en usage en Europe: l'éventail en plumes, fixées au bout d’un manche, que l'on voit sur les gravures de Jan Saenredam et Zacharias Dolendo; l'éventail en drapeau, avec un élément rectangulaire rigide en textile ou en cuir fixé le long d’un manche; et l'éventail plié, avec une feuille en textile ou parchemin, fixée sur des brins.
Sous Louis XIV, l’éventail devient l’un des éléments permanents de la toilette des femmes de qualité. L’éventail plié devient la norme. Un quatrième type d’éventail apparaît à la fin du XVIIe siècle, importé de Chine et copié pour répondre à son succès grandissant: l’éventail brisé, où les brins sont reliés au sommet par un ruban et par un rivet dans la partie inférieure (on en voit un dans le portrait de Catherine Rebuffe). Ces deux types d’éventails dominent dorénavant la production, comme le montrent les nombreux exemples du XVIIIe siècle de la collection.
Répandu dans toute la bonne société au XVIIIe siècle et indispensable à la vie de cour, comme le montre le Portrait de l'archiduchesse Marie-Christine ou La Dame du Palais de la Reine, ses représentations sont de plus en plus nombreuses; en particulier dans les fêtes galantes que Jean-Antoine Watteau (1684-1721) et Nicolas Lancret (1690-1743) mettent à la mode et dont les compositions, traduites en gravure, inspirent à leur tour les peintres d’éventails. Une œuvre comme Les Plaisirs du bal de Watteau fournit ainsi des poses et des compositions de groupes en conversation qui s’adaptent très bien à la reproduction en miniature. Ainsi en arrive-t-on à des mises en abyme comme dans l’éventail plié intitulé Scène dans un château où plusieurs dames manient l’éventail.
Au XIXe siècle, la femme du monde ou de la bourgeoisie ne se sépare guère de son éventail, qui existe pour toutes les circonstances. Le premier éventail de dentelle ou de plumes est en général offert lors du mariage. Ce dernier réapparaît dans les années 1870, comme l’illustre le célèbre Portrait de Sarah Bernhardt à la fois par intérêt pour le XVIe siècle, mais surtout grâce à la domestication des autruches en Afrique du Sud qui permet d’approvisionner le marché, celles-ci n’étant par ailleurs pas les seuls volatiles à y perdre des plumes.
Au Japon, autre pays de l'éventail, l'accessoire existe en trois types: l’éventail rigide (uchiwa) venu de Chine, constitué d’un écran avec un manche fixe; l’éventail plié (sensu ou ōgi) et l’éventail brisé (hiogi) constitué de fines lamelles, apparus au Japon. Tant les hommes que les femmes l’utilisent.
Les estampes japonaises de la période Edo (1615-1868) regorgent de représentations d’éventails, en particulier dans les très populaires portraits des vedettes du théâtre kabuki et des courtisanes. Estampes et éventails japonais arrivent en grand nombre en Europe lorsque le Japon s’ouvre au monde sous l’ère Meiji (1868-1912). Les peintres impressionnistes notamment s'en emparent dans leurs œuvres, et il n'est donc pas étonnant de voir Berthe Morisot représentée tenant un uchiwa japonais à la main. En 1891, le Japon exportera plus de 15 millions d’éventails vers les pays occidentaux. On retrouve ces pièces destinées à l’exportation dans les collection du MAH.
Cette production de masse, destinée à l’exportation causera un déclin de la qualité et du goût dont l’éventail japonais ne se relèvera pas, tandis qu'en Europe c'est la Première Guerre Mondiale et le changement de mode des Années folles qui entraînent son déclin.
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