De tout temps et dans de nombreuses cultures, l’eau est un élément peuplé de créatures, terribles ou bienfaitrices. Tantôt animales, tantôt divines, tantôt hybrides, tantôt monstrueuses, elles évoquent la puissance redoutée de la mer comme sa beauté mystérieuse et peuplent par dizaines la collection du Musée d’art et d’histoire.
Au premier rang se trouvent les sirènes. Mi-femmes, mi-oiseaux dans la mythologie grecque, elles charment les marins pour mieux les dévorer. Voulant goûter à leur chant réputé sans égal, Ulysse boucha les oreilles de son équipage et se fit attacher au mât de son navire : il résista ainsi à la tentation de précipiter son embarcation dans leur piège fatal tout en profitant du concert. Au cours de son odyssée, le roi d’Ithaque eut aussi à faire aux terribles Charybde, l’avaleuse et Scylla, la dévoreuse, et dut choisir entre une réussite aléatoire, ou assurée au prix du sacrifice d’une partie de son équipage.
Les héros grecs sont régulièrement confrontés à des monstres marins. Heraklès dut se défaire de l’Hydre de Lerne, serpent aquatique aux têtes repoussant doublement après décapitation ; et Persée du monstre marin Cetus, à qui la jeune Andromède avait été livrée en sacrifice.
Tout aussi envoûtantes, les sirènes de la mythologie nordique sont dotées de queues de poisson. Les ondines, leur version d’eau-douce, habitent les fontaines au bord desquelles elles peignent leurs longs cheveux. Séduisant les jeunes gens, elles sont contraintes d’inspirer l’amour pour se voir doter d’une âme. La mystérieuse Fontaine personnifiée de Jacques-Laurent Agasse représente peut-être l’une d’elles. À moins qu’elle ne soit une naïade, une nymphe d’eau douce.
Dans la mythologie classique, les néréides, ou nymphes marines, sont également irrésistibles. Épris de Galatée, Acis fut tué à coups de rocher par son rival le géant Polyphème. Le jeune berger fut alors transformé en fleuve survivant sous forme d’eau vive. Mais l’une des plus célèbres est Amphitrite, épouse de Poséidon, mère de Triton et reine immortelle des mers, accompagnée de son cortège de centaures marins et de dauphins la portant en triomphe.
Née de l’écume de la mer – aphros en grec – en même temps que les poissons, coquillages, crustacés et plantes aquatiques, Aphrodite est la créature marine par excellence. Des bains rituels étaient associés au culte de cette déesse de la beauté et de l’amour que le sculpteur Praxitèle osa, le premier, représenter nue sortant de l’onde ou «au bain» dans une attitude de pudeur surprise. Une pudeur plus ou moins affichée dans les multiples déclinaisons qui suivirent de cet archétype dans l’Antiquité comme plus tard, par exemple, dans l’art néoclassique avec Canova.
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