Il y a un peu plus de 400 ans, Genève connaît la nuit la plus mémorable de son histoire. À la fin du XVIe siècle, la jeune république réformée, de longue date convoitée par la Savoie pour qui elle constitue un important enjeu politique et économique, est plus que jamais menacée. Dès son avènement en 1580, le duc Charles-Emmanuel Ier tente par tous les moyens de s’emparer de la ville pour en faire la capitale de ses états et y rétablir la foi catholique, alternant manœuvres diplomatiques, conjurations, blocus et actions militaires… La dernière – et la plus audacieuse – de ces entreprises est restée dans les mémoires sous le nom d’Escalade: dans la nuit du 12 décembre 1602, le duc tente de prendre la cité par surprise en escaladant ses fortifications au moyen d’ingénieuses échelles démontables. Quoique minutieusement préparé, le plan échoue et les assaillants sont mis en fuite: victoire miraculeuse que les Genevois ne manquent pas d’attribuer à la protection divine.
Provenant principalement de l’ancien Arsenal, les «souvenirs» traditionnels de l’événement aujourd’hui conservés au MAH comprennent les armes et le matériel abandonnés par les Savoyards ainsi que d’autres équipements militaires rattachés à ce corpus lorsque le «mythe» de l’Escalade se met en place dans le dernier tiers du XIXe siècle. À travers eux s’est perpétuée la mémoire de l’assaut manqué de 1602, dont le déroulement nous est connu grâce à des récits et à des représentations de l’époque, mais aussi par des chansons encore entonnées de nos jours.
Si la célébration annuelle de cette nuit héroïque a connu des formes et des fortunes diverses au cours du temps, elle a fini par devenir la véritable «fête nationale» genevoise, engendrant une multitude d’objets commémoratifs. Aujourd’hui, elle est principalement associée à deux manifestations d’envergure, le grand Cortège en costumes historiques organisé depuis 1926 par la Compagnie de 1602 et la Course de l’Escalade instituée en 1977.
Enfin, la fête de l’Escalade ne serait pas complète sans la fameuse marmite en chocolat, créée au XIXe siècle par les confiseurs genevois en hommage à l’une des figures les plus populaires de l’événement, comme en témoigne cette galerie: la Mère Royaume, qui assomma un assaillant à l’aide d’un «pot de fer» jeté de sa fenêtre!
Ressources multimédia
Notre sélection: 34 œuvres dans cette galerie
En cours de chargement...